Paul VI est resté comme coincé entre "le bon pape Jean" (Jean XXIII, pape de 1958 à 1963 et canonisé en 2014) et le long pontificat du charismatique et désormais saint Jean Paul II (1978-2005). Oublié, ignoré voire mal-aimé, Giovanni Battista Montini, dont on a célébré les 40 ans de la mort le 6 août dernier, sera bientôt saint lui aussi. Une façon de reconnaître le rôle-clé qu'il a joué dans l’Église catholique contemporaine.
Pape de 1963 à 1978, Paul VI a conduit l’Église à un moment de remise en cause des institutions. Il a notamment écrit les deux grands textes que sont "Ecclesiam Suam" (1964) et "Evangelii nuntiandi" (1975). Le premier porte sur l'Église. "En 1963, Paul VI voulait intervenir dans le processus du concile [Vatican II] pour agiter la réflexion sur l'Église, il sentait que le concile avait besoin de se pencher sur la question de la réforme de l'Église de l'ouverture au monde de l'Église, et aussi du rapport aux autres chrétiens", comme l'explique le P. de Charentenay.
En 1975, avec "Evangelii nuntiandi" (1975), il pose "la question fondamentale de l'évangélisation du monde moderne, il sent que le monde est en train de changer". Le Père Pierre de Charentenay a publié en 2015 le commentaire de ces deux textes méconnus de Paul VI dans un recueil intitulé "Paul VI inspirateur du pape François - Deux textes prophétiques à redécouvrir : Ecclesiam suam & Evangelii nutiandi" (éd. Salvator). Un ouvrage où il montre combien le pape François s'inspire de Paul VI.
"Pape des commencements", Paul VI est celui qui "a inventé la papauté moderne", selon les mots de Michel Cool. "Lui l'homme d'apparence timide" s'est prêté au jeu des photographes, notamment lors de son pèlerinage en Terre sainte en janvier 1964. Pour la première fois un pape sortait d'Italie pour se rendre "là où tout avait commencé". Jean Paul II nous l’a fait oublier mais c'est bien lui le premier pape voyageur, avec au total neuf voyages sur les cinq continents. "Ça a marqué profondément nos mentalités, nos consciences."
Aujourd'hui le pape François parle souvent de la nécessité d'avoir "une Église en sortie". Paul VI "a boosté cette Église qui ne sortait pas d'elle-même". Pour Michel Cool, auteur de "Paul VI prophète - Dix gestes qui ont marqué l'histoire" (éd. Salvator), "cette ouverture sur le monde, cette primauté de la charité, de la curiosité du monde, ça permis beaucoup à nos communautés d'être ce qu'elles sont aujourd'hui".
Jean-Baptiste Montini était quelqu'un de profondément humble. "Au maximum de lui-même quand il exprimait le don de soi par l'effacement", nous dit Michel Cool. Sans doute inspiré par son saint patron Jean-Baptiste, il avait "cette capacité à diminuer pour que l'autre apparaisse". Ainsi Mère Teresa qu'il a "révélée" en 1965, quand il s'est rendu en Inde et qu'il lui a offert sa limousine. Les gestes de Paul VI ont "témoigné de cet amour pour le monde et en particulier pour les oubliés".
En plus d'une grande humilité, le P. de Charentenay a remarqué chez ce pape "une force intérieure", force qui lui a permis de faire aboutir le concile Vatican II après la mort de Jean XXIII. "Ce qui n'était pas évident du tout puisque Vatican II était quand même déchiré entre des points de vue divers."
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