L’actualité a donc été marquée cet été par la révélation de nouveaux crimes pédophiles au sein de l’Église catholique, notamment dans le diocèse de Pennsylvanie aux États-Unis. Face à cela, une forme d’apaisement est-elle possible ? Éléments de réponse avec le porte-parole des Évêques de France, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas.
"J’ai réagi comme beaucoup de fidèles et comme beaucoup de mes confrères dans le sacerdoce, avec effroi, avec honte, et avec une détermination pour que nous puissions non seulement éradiquer ce fléau mais aussi venir en aide aux victimes, qu’elles soient récentes ou anciennes, comme nous l’invite le pape François" explique le porte-parole de la CEF.
Aujourd’hui, plusieurs voix s’élèvent, notamment au sein des victimes, en expliquant que l’institution ecclésiale n’écoute pas assez les personnes meurtries par ces abus sexuels. "Hier, la commission de protection des mineurs, présidée par le cardinal O’Malley, a terminé son assemblée plénière en redisant dans son communiqué final, que ce qui était premier, partout dans l’Église, c’est la lutte contre la pédophilie, et que ce qui devait dominer, c’est l’accueil, l’écoute et l’accompagnement des victimes. On a fait beaucoup depuis deux ans et demi, certainement pas assez encore mais cette écoute s’est développée pour que toutes aient le sentiment d’être accueillies" ajoute Mgr Ribadeau-Dumas.
Ce week-end, deux évêques en France, Mgr Ravel à Strasbourg et Mgr Aupetit à Paris ont publié des lettres fortes et protéger les plus faibles. Une nouvelle manière de rompre la culture du secret qui a prévalu pendant des années dans l’Église. "Nous ne pouvons plus vivre comme nous avons pu vivre des décennies, c'est-à-dire couvrir parfois pour sauvegarder l’institution. Cette omerta, cette culture du silence ne peut plus durer pour les victimes, pour les auteurs aussi, et pour l’Église toute entière. Ne nous leurrons pas, ce qui est en jeu, c’est l’annonce de l’Évangile. Comment être crédible dans ce cas ?" lance-t-il également.
Ce dernier rappelle les principales mesures prises par l’Eglise catholique pour en finir avec ces prêtres criminels. "Il y a des mesures qui ont été prises il y a plus de deux ans. Lorsqu’un évêque apprend qu’un prêtre a commis un acte pédophile, il prend tout d’abord des mesures conservatoires. Il fait en sorte qu’il ne puisse plus être en contact avec des mineurs. Et après il collabore avec la justice. Il va veilleur à ce que la justice soit saisie. Soit parce que l’auteur se dénonce, soit parce que les victimes ont saisi le procureur, soit parce que lui-même a fait un signalement. Ensuite, une fois que cela est fait, la justice canonique fait son effet. Une peine canonique peut être infligée à l’auteur des faits" précise Mgr Ribadeau-Dumas.
Aujourd’hui, certains fidèles ont de plus en plus de mal à reconnaître leur Église. "Les évêques perçoivent bien cette déprime. Ils ont eux-aussi rencontré des fidèles. Ils sont témoins de ce désarroi. L’Église vit une période douloureuse. Ce qui est premier, c’est notre attachement au Christ, et notre attachement à celui qui vit la miséricorde" lance le porte-parole de la CEF. Concernant les attaques contre le pape François, Mgr Ribadeau-Dumas explique "que le pape François n’est pas fragilisé, il est contesté. Il y a dans l’Église des courants divers, et un certain nombre de ces courants essaient de déstabiliser le pape. Mais il montre une détermination forte dans la lutte contre les abus sexuels. Règlement de compte à OK Corral, ce n’est pas très évangélique".
Concernant les Etats Généraux de la Bioéthique, "ce qui est en jeu, c’est une vision de la société. Quelle société voulons-nous ?" s’interroge Mgr Ribadeau-Dumas, qui appelle, sur ces sujets, au dialogue. Pourtant, un certain nombre de catholiques, plutôt que le dialogue, préfèrent le terme de combat. "Je ne parlerai pas de combat, mais de convictions. Nous avons des convictions profondes, et une grande liberté. Notre responsabilité c’est de parler, de dire ce qui nous anime, mais nous ne sommes pas législateurs. Il faut laisser à chacun la responsabilité de ses actes" estime le porte-parole de la CEF.
De fait, explique-t-il, l’Eglise n’est pas un lobby. "Nous ne sommes pas dans une espèce de confrontation syndicale avec le gouvernement. On ne négocie pas avec le gouvernement. Notre liberté et notre responsabilité, c’est de dire ce qui est bon pour l’homme, pour la société, au nom de l’Evangile" conclut-il.
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