Le Père Thomas Ziegler a passé dix ans de sa vie en tant qu’aumônier de paquebot. Il en a vu les paillettes, un concentré de société, une véritable féérie flottante. Il a aussi approché l’envers du décor : ceux qui triment dans l’ombre, loin de leur famille, la vacuité des jours et la fuite dans la consommation, le tout avec beaucoup de bienveillance pour ces hommes et ces femmes à la recherche, sur la mer, d’un paradis bien éphémère.
D’origine alsacienne, rurale, le père Thomas Ziegler n’était pas prédestiné à embarquer sur des navires de croisière. "Je me suis beaucoup investi dans les JMJ de 1997, où j’ai rencontré un groupe d’Américains qui m’ont invité chez eux. Je suis parti en 1999 en visite aux Etats-Unis, et c’est dans le cadre de cette visite que j’ai rencontré les bateaux de croisière, à Miami. Il y en avait cinq d’affilée, sur un kilomètre. Cela m’a beaucoup interpellé. Et je me suis intéressé à l’industrie de la croisière, il y a maintenant vingt ans" explique-t-il.
Un paquebot, "c’est une boîte où ça grouille de partout. Les petites mains qui font fonctionner cette structure sont formidables. Je me suis beaucoup intéressé à l’humain, à bord de ces bateaux. Il y a une condensation incroyable. Ce que j’ai très vite compris, c’est que cette industrie des bateaux de croisière prendra une forme différente demain. Jules Verne avait raison. Demain, il y aura des villes flottante", précise-t-il.
Ces bateaux se sont fortement modernisés au fil du temps, et proposent de plus en plus d’activités à leurs passagers. "Aujourd’hui on peut trouver des tyroliennes, on peut faire du patinage sur glace, du karting, de l’acrobranche, surfer sur une vague artificielle, faire du golf, du basket. Il y a un casino, un spa" lance le père Thomas Ziegler qui précise : "c’est comme si Europa Park flottait sur l’eau", expliquant que les paquebots ont énormément développé l’aspect parc d’attractions.
Dans ces bateaux, lance-t-il, "on retrouve toutes les aspérités de l’homme, dans ses qualités comme dans ses défauts. Que l’on soit en Inde, aux Philippines, en Amérique latine ou en Europe, l’homme a un caractère, a les mêmes aspérités. C’était passionnant de pouvoir se confronter à ces hommes de partout. Il y a un nouveau continent à évangéliser, car ces gens sont coupés du monde. Ils passent dix mois sur douze sur la mer. C’est une grande et belle famille qui se retrouve au milieu de l’eau".
Chez ce personnel naviguant, il n’y a pas que de la souffrance, mais elle existe. "L’industrie de la croisière organise très bien le temps de travail, mais en-dehors il manque des choses : une écoute et un accompagnement. C’est ce que j’ai essayé de faire : être là, présent, pour les écouter, gratuitement, et faire un bout de chemin" précise le père Thomas Ziegler.
Une expérience inédite pour un prêtre, stoppée brutalement à cause d’un cancer. Une maladie qui fut l’occasion pour le père Thomas Ziegler de coucher cette expérience sur le papier. S’en est suivie la publication d’un livre, édité chez Salvator, "Les bateaux de l’éphémère".
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