La tendance est nationale, le secteur de la petite enfance, déjà en tension avant le covid est aujourd’hui en grande difficulté de recrutement. Qualité de vie au travail, rémunération, concurrence… Les raisons sont multiples et les conséquences, nombreuses.
La Cité des Ducs compte 1500 places municipales pour assurer la garde des enfants dont les parents travaillent. Un chiffre important, mais pas suffisant. “En fil continu d’attente, il y a 250 enfants” commence Lydie Matteo, adjointe à la ville de Chambéry, chargée de la petite enfance. Pourtant difficile d’envisager l’ouverture de nouvelles places quand le personnel vient à manquer pour faire fonctionner les existantes. “Tous les ans, maintenant, on se pose la question : est-ce qu’on va arriver à ouvrir toutes les places ou pas ?” regrette l’élue. Depuis plusieurs années, certaines places à la rentrée de septembre sont “gelées”, jusqu'aux recrutements de nouveaux personnels.
Depuis la crise sanitaire, les métiers du médico-social n'intéressent plus
Aujourd’hui, à échelle nationale, 40 % des enfants de 0 à 3 ans pourraient se retrouver sans solution de garde si tous les parents sollicitaient les crèches ou les garderies. Les candidats se font plus rares quand il s’agit de rejoindre ces métiers “exposés, applaudis durant les confinements, mais oubliés ensuite” comme le racontent les professionnels. “C’est une difficulté relativement ancienne, mais qui s’est accrue avec la crise sanitaire” constate également Vincent Clerc, le directeur de la CAF de Savoie. “Ça a interrogé sur l'exercice de ce métier qui n’est pas toujours simple, toujours reconnu à sa juste valeur” poursuit-il.
Les difficultés à faire garder ses enfants pèsent sur l’écosystème économique tout entier : l’un des parents est obligé de repousser son retour à l’emploi, faute de solution. “On cherche d’un côté des moyens de garde tout simplement et d’un autre côté, garder des enfants, c’est une possibilité de retour à l’emploi dans un secteur en tension” explique Delphine Bonnel, directrice de France Travail à Chambéry.
Mais elle aussi, le souligne, aujourd’hui tous les secteurs sont en tension et les plus attractifs sont les premiers choisis. L’an dernier, pour tenter d’attirer les candidats, l’Etat s’était engagé à mettre 200 millions d’euros sur la table pour revaloriser les salaires. Les collectivités attendent aujourd’hui davantage d'efforts.
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