Depuis six mois, pas moins de quatre prêtres ont été attaqués. Trois d’entre eux sont morts. L’Eglise catholique sur place ne cache pas son inquiétude. Les semaines se suivent et se ressemblent aux Philippines. Il y a dix jours, un prêtre du diocèse de Cabanutan à 160 km au Nord de Manille a été tué par balles dans sa chapelle. Il venait d’enfiler son aube pour célébrer la messe.
Quatre jours avant, c’est un curé d’une paroisse du Sud de la capitale qui s’est fait tirer dessus par deux individus. Fin avril, même scénario. Un prêtre s’était alors fait assassiner alors qu’il bénissait des enfants après avoir célébré la messe dans le Nord du pays. Le début de cette série noire avait commencé en décembre dernier avec le meurtre d’un autre prêtre.
L'atmosphère est particulièrement violente. Et dans le climat politique actuel, c'est l'impunité qui règne aux Philippines. Le père Matthieu Dauchez est un prêtre français du diocèse de Manille. Il est à la tête de l'association ANAK-Tnk, qui vient en aide aux enfants des rues. Il répond aux questions de Pauline de Torsiac.
En accédant au pouvoir en mai 2016, le président philippin Rodrigo Duterte a fait de la lutte contre le trafic de drogue sa priorité, quels qu’en soient les moyens et aux prix de milliers de vie. Cette politique pourrait bien avoir des effets collatéraux sur l’Eglise locale, comme l'explique le père Matthieu Dauchez.
Sur le terrain, l'Eglise agit, et fait entendre sa voix. Au point d'être désormais dans la ligne de mire. Aux Philippines il y a bien sûr les figures de prêtres mais aussi de nombreux laïcs et religieuses qui sont à l’oeuvre pour défendre la voix des plus faibles. Ce qui ne plaît pas toujours aux autorités, comme le rappelle le père Michel de Gigord, prêtre des Missions étrangères de Paris, il a passé plus de vingt ans aux Philippines.
Qu’ils soient prêtres religieux ou laïcs, l’engagement des chrétiens auprès des plus faibles en fait des cibles. Autre exemple de cette animosité des autorités philippines à l’égard des chrétiens. En avril dernier, les services de l’immigration ont accusé une religieuse australienne, d’"activité politique partisane". Arrêté puis interrogée, elle est sous le coup d’un arrêté d’expulsion qui doit être effectif lundi 18 juin. Face à cette violence, les évêques philippins ont exprimé à plusieurs reprises leur inquiétude.
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