Plus de 10 000 personnes ont défilé contre la réforme des retraites ce jeudi 5 décembre en Maine-et-Loire, selon les chiffres de la police. Elle a compté 8 000 manifestants à Angers, plus de 1 000 à Cholet, 820 à Saumur et 300 à Segré.
Dans les cortèges, un grand nombre d’enseignants, de cheminots, de fonctionnaires mais également des avocats, des infirmières et des salariés du privé, ainsi que des gilets jaunes, des retraités et des chômeurs.
A l’appel de la plupart des syndicats, ils sont venus dire non au projet de réforme du gouvernement, qui veut mettre en place un système de retraite universel à points.
Au départ du cortège à Angers, place Leclerc, Fabrice brandit une pancarte « Marche ou grève ». Enseignant en primaire à Juigné-sur-Loire, il vient manifester « tout simplement pour défendre [son] pouvoir d’achat quand [il sera] en retraite ».
« Déjà, avec le système actuel, vu que j’ai commencé très tard, j’aurai ma retraite à 68 ans, raconte-t-il. Donc avec le système par points, je serais obligé de cotiser un peu plus longtemps, et puis après, selon les différents simulateurs, ma retraite baisserait d’environ 800 euros par mois. »
Agent de maîtrise chez Enédis, une filiale d’EDF, Arnaud brandit le drapeau du syndicat CFE-Unsa Energie. Lui et ses collègues ne veulent pas renoncer à leur régime spécial.
« Très clairement, le régime à points ne nous convient absolument pas, martèle-t-il, puisqu’aujourd’hui, on ne connaît pas la valeur du point, et qu’elle sera révisable. Nous, ce qu’on demande, c’est le statu quo, et qu’on ne touche pas à notre régime. »
Gilet rouge de la CGT sur le dos, Eric est ingénieur en informatique chez Atos. « Je viens défendre les retraites, parce que dans quelques dizaines de mois, je serai à la retraite, et puis que je vois que mes enfants sont un peu résignés mais qu’ils se disent déjà qu’ils n’auront rien. »
« Je vois aussi, poursuit-il, que ceux qui sont déjà à la retraite depuis un bon moment se disent que bientôt, on leur enlèvera ce qu’ils ont durement gagné tout au long de leur carrière, et je ne suis absolument pas d’accord avec ça. »
« De l’argent, il y en a, dans les caisses du patronat, pour nos retraites, pour nos emplois », scande un militant de Lutte ouvrière, mégaphone à la main. C’est aussi ce que pense Frédéric, gilet jaune à Angers, au chômage depuis peu. Il est venu manifester avec sa femme et ses trois enfants.
« Aujourd’hui, on nous dit qu’il n’y a plus d’argent mais en fait, si on casse les contrats de travail, s’il n’y a plus de travail, forcément qu'il y aura moins de cotisations ! s'insurge Frédéric. Et tout l’argent il part où ? Il part sur les marchés de la finance ! »
« Ça fait un an qu’on réclame la même chose, se lamente-t-il. Il faut casser le système en place, parce que ce n’est plus possible, on ne peut plus vivre, on n’arrive plus à manger. Tant qu’ils n’auront pas compris ça et qu’ils n’en feront qu’à leur tête, eh bien nous, on sera là ! »
« On ne lâchera rien », a-t-il écrit sur son gilet en lettres bleu-blanc-rouge. Dans le cortège, plusieurs pancartes affichent « En grève jusqu’à la retraite ». Les syndicats doivent se réunir ce vendredi matin au niveau national pour décider des suites à donner au mouvement.
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