Ces épreuves compteront, dans la nouvelle version de cet examen, pour 30% de la note finale. Dans certains établissements, ces examens ont été perturbés, voire annulés. La mise en place du nouveau bac se fait dans la douleur. Cette nouvelle version du baccalauréat n’en finit pas de susciter la colère de certains professeurs, et l’inquiétude des familles.
Cette réforme, on la doit en partie à Pierre Mathiot. Le directeur de Sciences Po Lille est l’un des instigateurs de cette nouvelle version du bac. Il y a deux ans, il remettait au ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, un rapport intitulé "Un nouveau baccalauréat pour construire le lycée des possibles". C’est donc ce rapport qui a inspiré la réforme de l’examen.
"Une partie des élèves a passé les épreuves, dans des conditions que l’on qualifiera de variables. Ils les ont passées. Il reste une partie des élèves qui doivent les passer, ou les repasser quand ces épreuves ont été empêchées, ou reportées par les proviseurs. Il va de soi que passer les premières épreuves dans un contexte de perturbations diverses et variées n’est pas l’idéal pour se lancer dans ce nouveau bac, bien sûr" explique-t-il.
Pour ce dernier, "il reste une certaine ambigüité sur la notion de contrôle continu. Quand on parle de contrôle continu avec un enseignant, ce n’est pas ce qui se passe là. Normalement, le contrôle continu ce sont des devoirs sur table officiels qui se passent dans le cadre de la classe, quelque chose de facile à organiser. Or le ministre a souhaité mettre en place des épreuves nationales, à la demande de certaines organisations syndicales. Les mêmes organisations syndicales qui expliquent aujourd’hui que c’est trop lourd à organiser" ajoute Pierre Mathiot.
L’une des questions que les parents d’élève et les professeurs soulèvent aujourd’hui, c’est la question de l’égalité. Ce diplôme du bac aura-t-il la même valeur en fonction des lycées sachant que 40% de la note du bac dépend de ce contrôle continu ? "Le bac dont on est en train de sortir n’était pas égalitaire. Par ailleurs, presqu’aucune des notes de cet ancien bac ne comptaient pour l’admission dans l’enseignement supérieur. Enfin, il y a des critères qui garantissent le côté national du nouveau bac : une banque nationale de sujets, l’anonymat des copies corrigées par les professeurs, et l’harmonisation académique des notes obtenues par les élèves pour tenir compte d’un différentiel de notation" plaide le directeur de Sciences Po Lille.
Ce dernier rappelle que cette réforme est une réforme "systémique". "Le ministre a souhaité une réforme ambitieuse. Elle est tellement profonde et elle modifie tellement les pratiques et le système qu’elle s’accompagne d’un certain nombre de dysfonctionnements, de points qu’il faut ajuster et préciser. C’est une partie du travail que j’essaie de mener actuellement au sein du Comité de suivi de la réforme" lance-t-il.
Néanmoins, avec ces problèmes, vient la question du calendrier. N’est-on pas allé un peu trop vite en besogne ? "Joker", répond Pierre Mathiot. "Nous avions des consignes présidentielles. En même temps, parfois, en France, quand on prend trop de temps pour faire une réforme, elle ne se fait jamais. C’est de la stratégie politique. Maintenant les choses sont lancées, et on essaie maintenant de tenir compte des difficultés pour proposer au ministre des ajustements, pour améliorer la réforme dans sa mise en œuvre complète" conclut-il.
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