Dans l’édition 2021 de son classement, Reporters sans frontières a récemment indiqué que l’exercice du journalisme était gravement entravé dans 73 des 180 États étudiés, et restreint dans 59 autres. La France est 34ème dans le classement. Pourtant, le travail des journalistes est plus que jamais nécessaire, face au développement grandissant des "fake news". En cette journée mondiale de la liberté de la presse, Pierre Savary est l’invité de la Matinale RCF. Il est le directeur de l'École supérieure de journalisme de Lille.
L’École de journalisme propose un cursus en deux ans de niveau master 2. "Il y a d’abord des fondamentaux, un travail sur la connaissance des médias, des métiers des médias, de la déontologie. Et puis il y a un deuxième bloc de pratique. On essaye de coller à l’exercice de la profession. Cette mise en situation professionnelle est le cœur de ce qu’on fait à l’école", explique Pierre Savary.
La profession de journaliste est souvent accusée d’une forme d’endogamie, d’un manque de diversité. Les écoles de journalisme ont une responsabilité vis-à-vis de cela, même si le directeur de l’École de journalisme de Lille travaille pour favoriser la diversité dans le recrutement des étudiants. "Cela fait 12 ans à Lille qu’on a créé une classe préparatoire 'égalité des chances'. On tente vraiment d’avoir des actions et d'autres écoles aussi. La volonté de varier est réelle", affirme Pierre Savary.
Il y a aussi selon lui un enjeu, face à la défiance que suscite la profession, à montrer les coulisses. "Quand on a réussi à établir un dialogue avec quelques ‘gilets jaunes’, le simple fait d’expliquer la profession a levé en partie cette défiance. Je pense qu'il y a une très très forte méconnaissance des médias. Il n’y a pas de secret industriel, il n'y a rien à cacher. La profession a tout intérêt à s’ouvrir et à montrer comment elle fonctionne", explique le directeur et journaliste.
En cette journée mondiale de la liberté de la presse, Pierre Savary rappelle qu’il y a "des règles éthiques, déontologiques, des lois, des chartes". Il faut "les lire, les comprendre, les respecter et passer les comportements journalistiques au filtre de ces lois", selon lui. "Il y a différentes conceptions de la profession et là on rentre dans le débat du journalisme militant. C’est un équilibre qui est à trouver. Oui, le journalisme est un poil à gratter. Aller chercher une information que des puissants veulent cacher, ça fait partie des missions d’un journaliste", assure-t-il.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !