Place de la mairie : Juliette Hurlot, maire avec humilité et détermination

Qui aurait pu le prévoir ? « Il fallait faire confiance à une triple "horsain" », dit Juliette Hurlot en riant, faisant allusion à ce mot normand qui désigne ceux qui ne sont pas d’ici. « Vous vous rendez-compte une femme noire, pas normande…» En 2020, elle a en effet été élue maire de Clitourps, cette petite commune de 220 habitants située dans le Val de Saire. C’est seulement la deuxième femme noire maire en France métropolitaine avec Mariéme Tamata-Varin, élue depuis 2014 à Yèbles en Seine-et-Marne. Juliette Hurlot rend hommage aux habitants du village qui lui ont fait confiance dès 2001 en l’élisant au conseil municipal. 

Née au Cameroun, Juliette Hurlot est arrivée à Clirtourps il y a 34 ans avec son mari diplomate. « J’ai été accueillie avec tellement de chaleur. Je me souviens de ce voisin qui m’a dit : "tu es tellement investie. Balayer l'église, mettre les fleurs, s’occuper des petits à Noël… il faut le faire officiellement en t’engageant à la mairie." J’y suis allée, non sans appréhension mais avec beaucoup d’humilité et de détermination.»

On ne va pas à l'école pour apprendre à être maire 

Juliette Hurlot a dû se familiariser avec le budget, les multiples abréviations, gérer une équipe de conseillers municipaux… «Maire ce n’est pas un métier. On ne va pas à l'école pour apprendre », explique cette enseignante d’anglais à la retraite. 

Juliette Hurlot est désormais présidente de l’association Femmes et élues de la Manche et également investie dans le bureau de l’association nationale Elles aussi, des associations qui promeuvent l'engagement des femmes en politique. Elle est très attachée à la parité au sein des collectivités. « Il y a déjà eu un grand pas de fait », remarque-t-elle. Preuve en est, sur le canton de Saint-Pierre-Église, dont fait partie Clitourps, il y a désormais sept femmes et sept hommes maires. Mère de cinq enfants, elle est bien consciente qu’il est très compliqué actuellement pour des femmes de s’engager par manque de disponibilité. « Je ne crois pas aux quotas, ça doit être un engagement personnel, il faut avoir envie d’y aller, ne pas avoir peur, car effectivement tout va vous freiner ».

Maire d’une petite commune : prête à toutes les tâches

Aujourd’hui cette femme de 69 ans est heureuse d’avoir relevé le défi. « Une petite commune, ce n’est pas une petite histoire. Le compliment est très rare alors que vraiment on se démène. » Vider l’eau d’une maison inondée, courir après un poney échappé, régler les conflits de voisinage... Juliette réalise au quotidien les tâches les plus improbables. « Une dame m’a dit un jour "envoyez-nous vos équipes techniques". Je lui ai répondu : "l’équipe technique c'est nous" ! ». 

Mais Juliette Hurlot aime les gens. « Il n’y a de richesse que d'hommes, disait Jean Bodin ». Elle retrouve dans cet engagement ses valeurs africaines : la solidarité, le respect des aînés, considérer l'autre comme son prochain même s’il est désagréable. « Oui ce n’est pas évident mais j’assume », conclut-elle en rappelant les deux mots qui lui tiennent à cœur : humilité et détermination.