Ce matin, depuis Lyon, le gouvernement dévoilait le Plan National d'Action loup. Un programme pour 5 ans et qui vise à préserver la vie pastorale face à la multiplication des loups sur le territoire. Mais ni les agriculteurs, ni les associations de défenses de la faune sauvage ne semblent adhérer à ces nouvelles mesures.
Parmi les axes forts du Plan Loup 2024-2029 : la facilitation des tirs.
Les prélèvements seront renforcés en début de saison "afin de limiter les attaques durant la période estive". Leurs taux seront par ailleurs revus à la hausse, passant de 19 % à 20 % voire 21 % de la population totale de loups.
En cas de signalements, les louvetiers pourront être mobilisés en 48 h et disposeront davantage de matériel, notamment de lunettes thermiques. Par ailleurs, les agriculteurs pourront suivre une formation de louvetier.
Autre nouveauté, le loup, jusqu'alors considéré comme une espèce "strictement protégée" pourrait devenir une espèce simplement "protégée". Une étude sera lancée à échelle internationale et européenne.
Enfin, le mode de comptage sera réformé pour correspondre davantage à la réalité du terrain.
"Je suis rassurée" salue Vincent Rolland, député LR de Savoie. Il demandait depuis plusieurs mois des mesures fortes en faveur du pastoralisme.
"C'est un choix, soit on veut une agriculture extensive, qui entretienne les alpages, soit on veut une agriculture intensive et d'importation. Mon choix est fait. Le pastoralisme doit passer avant le loup" poursuit l'élu qui avait interpellé le gouvernement au printemps dernier sur la question.
Pourtant, de l'avis des agriculteurs eux-mêmes, le plan dévoilé par le gouvernement manque d'ambition. "On demandait la fusion des tirs, on ne l'a pas. On a toujours le tir de défense simple et le tir de défense renforcé, on a toujours le même carcan administratif" regrette Bernard Mogenet, président de la FDSEA des Savoie.
Les "quelques avancées", à ses yeux, ne sont pas à la hauteur de l'enjeu. L'agriculteur aurait souhaité la mise à disposition de lunettes à visée thermique pour les éleveurs, sans conditions de formation ou encore une facilitation plus grande des tirs. "Ces mesures, elles ne répondent pas à la détresse des agriculteurs" insiste il.
Si la FDSEA avait élaboré un texte de travail et des propositions concrètes, aujourd'hui la fédération a le sentiment d'avoir "été entendu sans vraiment être écouté".
À l'annonce de ce plan, 6 associations naturalistes ont décidé de claquer la porte du groupe national loup, instance informelle placée sous l'égide du Ministère de la Transition Écologique.
"On a toujours voulu s'inscrire dans le dialogue" explique Yves Jorand, porte parole de FNE73. "Mais quand on fait des propositions, aucune n'est retenue et là, on passe dans une autre dimension, où il faut tuer du loup pour tuer du loup, pas pour préserver les troupeaux".
Si l'association comprend la nécessité d'éloigner les loups des alpages, à ses yeux, augmenter et faciliter les tirs ne sont pas une solution. "On sait très bien que ça disperse les meutes et que c'est pour ça qu'en Savoie, on est passé de 3 meutes à 15 en quelques années" affirme Yves Jorand. "D'autres, ailleurs, font autrement : en Suisse, on expérimente des colliers qui éloignent les loups grâce aux phéromones ! Il y a d'autres solutions".
Les associations envisagent de déposer un recours à échelle européenne pour faire interdire le déploiement du plan 2024-2029.
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