A quelques jours de la présentation du rapport du Comité Consultatif National d’Ethique et dans la perspective des débats parlementaires pour la révision de la loi bioéthique, l’Église catholique souhaite rappeler ses convictions sur la procréation médicalement assistée.
Dans la déclaration publiée jeudi soir, les évêques rappellent que la procréation est un "acte profondément et spécifiquement humain dont la manipulation entamerait gravement la valeur de fraternité qui fonde le pacte social en notre société". Aussi, les évêques s’inquiètent du projet d’ouverture de l’AMP aux femmes en couple et aux femmes seules. L'Eglise de France en profite pour rappeler son opposition à la PMA de manière générale.
Pour le Père Bruno Saintôt, responsable du département éthique biomédicale du Centre Sèvres, et qui a participé à la rédaction de ce texte, "le texte commence par l’émerveillement et la responsabilité, et il s’achève de la même manière. La question de l’attention à la personne est centrale, elle vaut pour le raisonnement bioéthique mais toutes les questions éthiques, sociales et politiques".
Il ajoute qu'"il faut penser les relations fondamentales d’engendrement comme faisant partie de la dignité de la personne. Le fait que le droit puisse priver intentionnellement de toutes références ni biologiques ni sociales à un père ou à une mère avec la GPA, cela pose des problèmes fondamentaux. On ne prend plus en compte les liens par lesquels l’enfant vient au monde".
Le père Bruno Saintôt s'interroge sur la vocation de la médecine à travers l'extension de la PMA. "La grande question c’est de savoir si la médecine a vocation à soulager toutes les souffrances ou les souffrances qui ne résultent pas d’une pathologie constatée. L’évolution de la médecine dans ce cas serait de se demander si elle a vocation à prendre en compte toutes les demandes du type sociétal. Si les pathologies sont au même niveau que les demandes sociétales, qu’est-ce-qui va nous permettre d’arbitrer ces priorités de soin, et d’établir une justice dans le soin ? Cela pose un gros problème et cela risque de transformer la médecine en une sorte d’outil répondant aux demandes des individus. C’est un dérive ultralibérale de l’utilisation de la médecine" lance-t-il.
Il conclut en expliquant que dans la déclaration des évêques, "le mot dignité est associé au mot fraternité. Le mot fraternité a été remis en valeur puisque maintenant il est inscrit comme principe institutionnel. Les déclarations des évêques aussi bien sur l’euthanasie que sur la dignité de la procréation mettent en avant comme principe la fraternité. Sans fraternité, la dignité des personnes ne peut pas être respectée. C’est ce qui nous permet de tenir tous ensemble dans le même monde, en respectant la dignité de chacun et en faisant en sorte que nous soyons solidaires dans la reconnaissance mutuelle. Il ne faut pas dissocier la dignité de la fraternité".
Dans leur déclaration, les évêques affirment en effet que "le droit doit instaurer des relations qui promeuvent la fraternité en évitant que les volontés individuelles établissent des injustices et des discriminations". Pour retrouver l'intégralité du texte des évêques de France, cliquez ici.
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