Martin Steffens s’était engagé avec conviction contre le mariage pour tous, il y a six ans. "Quand je me suis engagé dans la Manif Pour Tous, c’était pour cette raison que l’on voit advenir sous nos yeux. À l’époque, on m’avait fait le récit d’un parcours de femmes qui avaient acheté du sperme à Namur et qui avaient hésité à prendre le moins cher, car il y avait une réduction sur le sperme des métisses. Et je me suis dit que ce que décrit Heidegger, la transformation de l’homme en matériau, est en train de se réaliser" explique le philosophe, auteur de "Et si c’était la fin d’un monde..." (éd. Bayard) avec Loup Besmond de Senneville, pour justifier son engagement et sa réflexion.
"On se retrouve avec des enfants nés d’un père réduit à un matériel. Dans quel récit allons-nous pouvoir les accueillir, nous qui somme la religion du Père. Le pire est déjà là, et j’admire les militants qui osent se prendre la caricature d’eux-mêmes. Quand on est chrétien, on a aussi une autre main, cette main qui console, et il va falloir être en forme car si on est le lieu où l’on accueille les pauvres, soyons vifs pour accueillir ces enfants" ajoute Martin Steffens.
Concernant l’extension de la PMA, l’Académie de médecine a évoque un basculement idéologique. "Le terme basculement est à double tranchant. Si on dit cela, c’est pour évoquer les constructivistes, ceux qui pensent que tout est construit. Penser qu’il puisse avoir un basculement anthropologique, c’est se dire en fait que l’homme, on en fait ce qu’on en veut, car rien ne résiste" analyse encore le philosophe au micro de RCF.
Évoquant les partisans de la PMA pour toutes, Martin Steffens remarque une contradiction dans leur argumentaire. "On fait cela au nom du droit, on pense qu’avoir un maximum de droits c’est être de plus en plus libre, alors qu’en réalité on s’aliène de plus en plus à la technique, un dispositif sans visage qui fait de l’homme ce qu’il veut, jusqu’à le priver de visage" lance-t-il, évoquant les embryons chimère du projet de loi, des croisements entre l’homme et l’animal que l’on retrouve dans les peintures de Jérôme Bosch, qui décrivait… l’enfer.
Pour autant, Martin Steffens ne veut pas désespérer. "Tant qu’on désigne les choses comme nous faisant souffrir, c’est qu’on est encore en vie. Dans la souffrance que nous avons avec ce qui est en train de se passer, là est l’humain, nous continuons d’être" conclut le philosophe.
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