Depuis 12 ans, le père Noël Choux est l’aumônier national de la communauté chrétienne des policiers de France et de Police et Humanisme. Pour lui, 'il est clair' que la vague de suicide touchant les membres de la police révèle 'un malaise'.
44 policiers et 16 gendarmes se sont donnés la mort depuis janvier 2017: le bilan est lourd pour les forces de l’ordre. Manque d’effectif et surmenage, les raisons sont multiples. Ce malaise renverraient surtout aux problèmes familiaux et personnels des policiers, qui pourraient bien, selon le père Choux, trouver une partie de leur origine dans les conditions de travail post-attentats.
'Travailler un week-end sur six, ça brise les liens de famille', explique l’aumônier. Les 'jeunes policiers à Paris arrivant de province sont particulièrement touchés puisqu’ils se retrouvent plus facilement isolés dans un contexte qu’ils ne connaissent pas.'
Autre problème recensé par le Père Noël Choux: les policiers sont devenus une cible pour les terroristes avecles attentats de Charlie Hebdo. Un choc pour ces fonctionnaires, qui, contrairement aux gendarmes et militaires, n’en avaient pas forcément l’habitude, ni la vocation.
'J’ai senti un traumatisme chez eux. Beaucoup se posent la question du sens de leur mission.' Une réflexion d’autant plus difficile à mener que le Père Choux rapporte le manque de reconnaissance et la méconnaissance de la société envers la police. 'Pour la société, les policiers sont ceux qui mettent des PV. C'est réducteur, souligne-t-il. Le climat de méfiance est lourd pour eux.'
Même parmi la communauté chrétienne des policiers, le malaise sévit. 'La vision chrétienne est de se sentir gardien de la paix comme 'être artisan de paix' de la Béatitude de l'Evangile. Mais si ce n’est pas reconnu par la société, ça devient difficile.'
Comment accompagner les policiers en souffrance? Le Père Noël Choux se résoud à une méthode douce: 'J’écoute beaucoup, j’essaie de leur dire que Dieu les aime et que ce qu’ils font est utile à la société.'
Invité interrogé par téléphone.
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