Les enquêteurs mettent peu à peu à jour une nébuleuse tentaculaire, qui va bien au-delà de ces deux vagues d'attentats. De Mohamed Merah aux frères El Bakraoui, en passant par Abdelhamid Abaaoud, les frères Kouachi, Amédy Coulibaly ou encore l'artificier des attentats de 1995 : tous appartiennent au même réseau ! De lien en lien, on peut même remonter jusqu'aux meurtriers du commandant Massoud, en Afghanistan, en 2001.
"Peu à peu, un travail formidable est fait actuellement, et permet de mieux en mieux comprendre ce qui s’est passé. Mais pour l’assassinat du commandant Massoud, il faut savoir qu’il a été perpétré par deux personnes qui venaient de Molenbeek. Il y avait donc le signal que cette zone était un foyer jihadiste dangereux" précise Alain Juillet, président de l’Académie de l’intelligence économique et ancien directeur du renseignement à la DGSE.
Ce spécialiste du renseignement explique que tout se tient. "Les gens qui sont aujourd’hui chez Daech, étaient autrefois chez Al-Qaeda. Il y en a d’autres qui appartenaient à d’autres mouvances terroristes à tendance islamiste. Et on va certainement voir apparaître des personnes qui ont participé à des attentats qui n’avaient rien d’islamistes, mais qui sont aujourd’hui des islamistes pratiquants convaincus" lance-t-il.
Dans une telle nébuleuse, connue depuis un moment, la question se pose de savoir pourquoi on n’a rien vu venir. "L’attentat de Paris était l’un des premiers attentats internationaux. La décision a été prise en Syrie. La préparation s’est faite en Belgique et l’action s’est faite en France. Ce qui implique davantage de difficultés. Mais le renseignement humain, qui est essentiel face à des réseaux terroristes, a connu plusieurs failles" ajoute-t-il.
Alain Juillet en profite pour pointer du doigt la fusion des services de renseignement intérieurs, qui a provoqué une perte capitale d’informateurs, et de renseignements, ce qui a sans doute constitué une faille dans la lutte contre le terrorisme en France. Il explique également que sur le plan extérieur, la situation est sensiblement la même, et que les services de renseignement et de contre-terrorisme français tentent actuellement, à marche forcée, de remettre de l’ordre dans leurs informations, et de constituer de nouveaux réseaux d’informateurs, ce qui prend évidemment beaucoup de temps.
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