94% des habitants de la planète ont une affiliation religieuse. Les croyants n’ont donc jamais été aussi nombreux dans le monde. Et ce sont les chrétiens qui sont les plus nombreux, avec une division estimée à 2,3 milliards. En France, ces chiffres ont de quoi surprendre. Ici, les cultes semblent s’effacer progressivement du paysage avec une société désormais sécularisée. C’est tout l’enjeu de l’analyse de l’ouvrage collectif dirigé par Dominique Reynié, "Le XXIème siècle du christianisme" publié aux éditions du Cerf.
"On voit des questions qui nous sont posées et qui touchent au cœur des principes, des réflexions que l’humanité à toujours. Je pense par exemple sur le progrès dans la connaissance du vivant. C’est merveilleux car il y a beaucoup de promesses sur le plan thérapeutique. C’est aussi vertigineux car cela nous fait passer dans une époque où les humains sont capables de fabriquer des vivants humains. Cela ne se fera pas sans une réflexion collective sur les implications éthiques de ces innovations" explique tout d’abord Dominique Reynié.
Si les religions ont tendance à se développer dans le monde, c’est d’abord une question mathématique. La démographie augmente. Le taux de natalité aussi, notamment dans le christianisme et dans l’islam. "Le taux de fécondité des femmes qui ne déclarent pas d’affiliation religieuse est de 1,6. Le taux de fécondité des femmes qui déclarent une affiliation chrétienne est de 2,6, contre 2,9 pour les femmes musulmanes" précise l’enseignant à Sciences Po.
"Toute les religions font de la famille un élément essentiel de la vie. Mais il y a aussi des éléments de type économiques et sociaux. On peut montrer dans la sociologie des religions qu’il y a une relation entre le risque égotropique ou sociotropique" lance Dominique Reynié. Ce dernier démontre dans son ouvrage que les sociétés européennes sont abondées de christianisme. Et pourtant ce sont les plus séculières.
"La société déploie son autonomie et laisse peu à peu les croyants vivre leur religion sans l’appui du politique. C’est une forme de sécularisation. La religion entre dans le siècle à travers les croyants qui s’engagent, mais elle ne s’appuie pas sur le pouvoir. Ce n’est pas ici que se construira le royaume. Ici on mène une existence de chrétiens tant qu’on le peut, et sa consécration se fera ailleurs" explique le directeur de la Fondation pour l’Innovation Politique.
Dans son ouvrage, Dominique Réynié s’intéresser également à l’islam dans les pays où religion et pouvoir sont indissociables. "Là c’est un problème. L’islam est une religion politique. Beaucoup de musulmans réfléchissent à cette émancipation de la religion et du politique. Le fait est que l’islam est une religion qui ne sépare pas les deux. C’est la religion qui gouverne, qui commande. Il n’y a pas le modèle dans lequel nous sommes par la tradition chrétienne. C’est l’un des grands défis du XXIème siècle : la cohabitation entre des systèmes religieux qui sont antinomiques".
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