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Pour Manon Fillonneau, "le racisme anti-rom est encore très fort en France"

RCF,  - Modifié le 22 mars 2019
​9.688. C’est le nombre de personnes expulsées l’an dernier de bidonvilles, en France. Des populations qui vivent dans ces villages de cabanes.
Manon FillonneauManon Fillonneau

Majoritairement roms, ces personnes n’ont pas pu bénéficier de solutions de relogement, pour 85% d’entre elles.

"Faute de mieux, par précarité avant tout, ces personnes finissent par quitter leur pays d’origine et arrivent en France sans logement et ressources. Ils finissent par construire de petites baraques, leur domicile. Ce sont des baraques qui de l’extérieur peuvent faire peur, et à l’intérieur, c’est un endroit où il fait chaud, où il y a de la décoration" explique Manon Fillonneau, déléguée générale du CNDH Romeurope, un collectif de 48 associations.

Dans les bidonvilles, "pendant longtemps il y a eu beaucoup de Roumains et de Bulgares, dont beaucoup sont roms, mais il y a aussi d’autres populations, comme des personnes de l’Erythrée, de la Somalie, d’Albanie. La délégation interministérielle au logement chiffre entre 15.000 et 20.000 personnes, en France métropolitaine, le nombre de personnes qui vivent dans des bidonvilles. Et on compte 580 bidonvilles" ajoute-t-elle.

Plus de 9.600 personnes ont donc été expulsées l’an passé de ces bidonvilles. "La procédure d’expulsion est lancée par des propriétaires ou des maires. Souvent, les propriétaires sont publics. Quand cette procédure est lancée, vient le matin de l’expulsion. En général, les gens ne sont pas vraiment prévenus. La mobilisation des forces de police est souvent démesurée. Ils prennent ce qu’ils peuvent, ils partent, et dans 85% des cas ils se retrouvent à la rue" précise-t-elle. Et les associations sont assez rarement associées à ces procédures d’expulsion.

Pour Manin Fillonneau, la logique de l’expulsion est toujours bien présente, malgré un chiffre de personnes expulsées en baisse. Le collectif CNDH Romeurope dénonce le paradoxe entre un discours positif du côté de l’Elysée, et des expulsions qui se multiplient sur le terrain. "Il y a eu un changement de cap entre aujourd’hui et 2010 avec Nicolas Sarkozy. Là, on a une parole plus absente. Dans les mots, il y a un changement. Dans la pratique, on note 45% d’augmentation des expulsions" lance encore la déléguée générale du CNDH Romeurope.

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