L’attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray et la mort du père Jacques Hamel auraient-elles pu être évitées ? Oui, si l’on en croit les dernières révélations de Mediapart sur cette affaire. Le site d’information a révélé que cinq jours avant l’attentat, un policier avait prévenu sa hiérarchie qu’un suspect était sur le point de commettre une attaque.
Ce brigadier de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris a en effet intercepté des messages envoyés via l’application de messagerie cryptée Telegram, dans lesquels une personne s’exprimant sous pseudonyme évoque ses tentatives de départ vers la Syrie, les cours qu’il donne dans une mosquée de la ville de Seine-Maritime, ainsi que des appels à commettre des attaques au couteau dans des églises.
Cette personne est connue. Il s’agit d’Adel Kermiche, le responsable de la mort du père Hamel. Le policier avertit alors sa hiérarchie. Seulement voila, d’après Mediapart, cette note n’arrivera jamais à Levallois-Perret, aux bureaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Cinq jours plus tard, et après d’autres messages faisant état d’un projet d’attentat imminent, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean font irruption dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, et égorgent le père Hamel.
L’affaire ne s’arrête pas là. Mediapart ajoute que pour ne pas se faire taxer d’incompétence, la hiérarchie du policier ayant rédigé la note décide d’antidater le document, laissant croire que les informations qu’il révèle sont alors consécutives et postérieure à l’ouverture de l’enquête sur l’attentat. Des révélations démenties en bloc par la préfecture de police de Paris.
De son côté, l’évêque du diocèse de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, a publié un communiqué dans lequel il rappelle "l’instruction en cours". Il ajoute que cette instruction "est ou sera saisie des informations publiées et bénéficiera des documents que la Préfecture de Police met à sa disposition". L’évêque conclut en affirmant ne pas douter que "les juges et les responsables de l’Etat en tireront toutes les conclusions".
Pour le journaliste, cette enquête vise à servir l'intérêt général en provoquant une amélioration des services de renseignement. Face à ces révélations, la préfécture de police a publié un communiqué dans lequel elle déclare que la note concernant le terroriste ne révélait en aucun cas le passage imminent à l’acte et encore moins le ciblage d’un lieu préçis.
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