Retour sur la réception des évêques au Collège des Bernardins à Paris, et sur le discours fleuve prononcé devant eux par le président de la République.
Une véritable première. Lundi soir dernier, le président de la République s’est rendu au Collège des Bernardins, répondant favorablement à l’invitation de la Conférence des Évêques de France. Une manière pour lui de ressouder les liens entre l’Église et l’État. Une soirée en trois temps, des témoignages de personnes en situation de fragilité, le discours de Mgr Pontier, président de la CEF, et le discours du chef de l’État.
Pour Mgr Hervé Giraud, archevêque de Sens et Auxerre, l’Église a pu faire passer son message. "Le père Pontier avait bien préparé son discours. Il a beaucoup insisté sur le fait que l’Église continue de beaucoup contribuer à la prise en charge des défis sociaux à travers une multitude d’associations. C’était important qu’il puisse le dire d’une manière objective avec un discours adressé au président de la République, mais également à toute la nation. C’était une grande tribune. C’est important que de temps en temps, on puisse dire qui on est, et comment on contribue au bien commun" explique l’archevêque.
L’archevêque de Marseille n’a également pas évité les sujets qui fâchent : les questions de bioéthique, la question des migrants. "C’est toujours la même optique. Partir des plus faibles, des plus fragiles. De la vie naissante jusqu’à la fin en passant par toutes les situations de précarité, d’handicap, de chômage. Nous connaissons bien cette réalité, on est sur le terrain. Mais c’est assez peu connu. Et avoir une parole publique, c’était important pour que tout le monde sache que c’est notre ordinaire à nous. Il n’y a rien d’extraordinaire à cela" ajoute Mgr Giraud.
Après l’intervention de Mgr Pontier, c’est Emmanuel Macron qui a pris la parole durant un discours d’une heure. Il a notamment appelé les catholiques à trois dons : le don de la sagesse, le don de l’engagement et le don de la liberté, une liberté intempestive. "Il nous demande de ne pas être en marge de la République, mais on ne l’est pas. Il y a longtemps que l’on est engagé à tous les niveaux. On essaie aussi de le vivre de la manière la plus laïque qui soit, non pas dans une séparation absolue entre l’Église et l’État, mais une séparation-distinction" lance Mgr Giraud.
La République attend des catholiques trois dons :
– Le don de votre sagesse
– Le don de votre engagement
– Le don de votre liberté— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 9 avril 2018
Le président de la République a appelé les catholiques à s’engager davantage, et particulièrement en politique. "Il nous a pas demandé de nous engager dans la politique, mais en politique. C’est peut-être la différence. Tous nos engagements sociaux ont une dimension politique. Certains nous reprochent d’y être trop engagés. Il y a peut-être à améliorer un type d’attitude, une juste attitude à améliorer pour pouvoir être en politique, et non pas dans la politique immédiate" précise l’archevêque de Sens et Auxerre.
J’appelle les catholiques à s’engager politiquement.
Votre foi est une part d’engagement dont notre politique a besoin. #DialogueEgliseEtat— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 9 avril 2018
Avec un tel discours, Emmanuel Macron fait depuis ce matin l’objet de vives critiques. Dans les médias et sur les réseaux sociaux, certains lui reprochent d’avoir évoqué le lien abîmé entre l’Église et l’État. On lui reproche un discours un peu exalté, qui serait une atteinte à la laïcité. "Il nous faut lire de plus près. Je ne veux pas que l’on polémique immédiatement sur telle phrase. Je trouve toujours dommage de prendre un verbe et d’isoler l’ensemble. Ce discours mérite d’être analysé de plus près" estime Mgr Giraud.
Le lien entre «l'Église et l'État» n'a pas lieu d'être. #Macron va trop loin. C'est irresponsable ! pic.twitter.com/I5ENfSGteD
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 9 avril 2018
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