"Prison : les oubliés de la société". Tel est le thème des 24ème Journées Nationales de la Prison qui se tiennent jusqu’au 26 novembre. L’occasion pour l’ancien secrétaire national de l’UMP chargé de 2011 à 2014 de la justice et des prisons, et actuellement engagé auprès de LREM, de revenir sur le problème de surpopulation carcérale toujours irrésolu.
Dans le milieu politique, il n'est "pas facile" d'aborder le thème carcéral. "C'est un sujet qui dérange et qui rencontre un tas de blocages", constate Stéphane Jacquot, également ancien élu à Châtillon (92). C'est pourquoi le discours d'Emmanuel Macron face à la Cour européenne des droits de l’Homme a été un geste fort. Le 31 octobre 2017, le président de la République reconnaissait la situation "intolérable" des conditions de détention en France.
"De plus en plus de politiques s'y intéressent", se réjouit Stéphane Jacquot. Pour lui, comme pour d'autres, la première étape de réforme du système pénitentiaire consiste à lutter contre la surpopulation carcérale.
Stéphane Jacquot souligne "les chiffres alarmants" des conditions de vie des détenus: "Pour 69 000 personnes détenues, il y a 58 000 places opérationnelles." Ce manque d'espace engendre des conséquences qui encourage, selon lui, la récidive.
"En 2016, il y avait 1 600 matelas posés au sol dans les cellules, explique Stéphane Jacquot. Comment voulez-vous que trois individus enfermés ensemble dans 9 mètres carré sortent de détention sans être dans la haine ? Il faut que nos politiques publiques réagissent par rapport à cela."
Plutôt que de construire des centres de détention ou des maisons d'arrêt supplémentaires, Stéphane Jacquot propose la création d'une Agence Nationale de Travail d'Intérêt Général (TIG) et d'encadrement du travail en détention. Une proposition relayée par le président à Strasbourg fin octobre, pour proposer un système de peine hors les murs. Cette alternative à l'enfermement concernerait les personnes condamnées à des peines courtes, inférieures à deux ans.
Actuellement, un détenu sur quatre travaille. Cette décision peine donc à remporter l'adhésion générale tant le principe de la prison "ferme" semble être plus "efficace". "Pas dans tous les cas", affirme Stéphane Jacquot. S'il déplore le manque de coordination actuel entre les acteurs des services de justice pénitentiaire, il croit envisageables "les partenariats avec les patrons d’entreprises locales". Et ce, notamment dans le domaine de l'agriculture, où "il y a des besoins", précise-t-il.
Il propose en outre de développer "la justice réparatrice", auquel le Canada plus facilement recours. "Il s'agit de mettre en dialogue une victime qui cherche à comprendre, et l'acteur du crime pour qu'il répare".
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