Vous l’avez peut-être constaté en passant à la caisse de votre supermarché : manger des fruits et légumes coûte plus cher depuis le début du confinement. Pour quelles raisons et dans quelle proportion ces prix ont-ils augmenté ?
L’UFC-Que Choisir a analysé plus de 400.000 prix de produits de première nécessité vendu en "drive" par 10 enseignes entre la semaine du 6 au 11 avril et les a comparés avec ceux des semaines précédentes. Elle conclut à des "pénuries persistantes" et "quelques flambées de prix". En ce qui concerne les fruits et légumes, l’union des consommateurs note "des hausses de prix importantes" : "entre la semaine du 2 au 7 mars et celle du 6 au 11 avril, la hausse globale du rayon est de 9%", et de 12% pour le bio.
Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette hausse des prix : une augmentation de la demande - "les consommateurs achètent davantage de légumes qu'avant le confinement" avec des familles entières qui en sont à deux repas par jour - et une offre qui diminue, suite à la fermeture des marchés notamment. La demande s'accroît également sur les produits les moins chers. Une situation à laquelle il faut ajouter, selon Grégory Caret de l’UFC-Que Choisir, une envolée des coûts de production et une main d'œuvre plus chère.
Un phénomène qui n'est pourtant "pas inhabituel", estime Laurent Grandin. Le président d'Interfel rappelle que "de janvier à juin les prix sont montants et de juillet à décembre ils ont tendance à être descendants". L'association Interfel estime que l’inflation sera plutôt de l’ordre de 3% sur le mois d’avril.
Du côté des agriculteurs français, on assume cette augmentation des prix des fruits et légumes : les coûts de production sont plus élevés en France qu’ailleurs, "parce que nous avons des charges supplémentaires". Pour la présidente de la Fnsea, Christiane Lambert, "l'augmentation a été contenue malgré tout, parce que les distributeurs ont joué le jeu".
Agriculteurs, industriels, transporteurs et distributeurs se sont montrés "beaucoup plus collaboratifs qu'ils ne l'ont jamais été", observe le consultant Olivier Dauvers. "S'il n'y a pas eu de pénurie, c'est bien parce que de la fourche à la fourchette ils ont tous accepté de travailler les uns avec les autres."
Et si cette union sacrée entre des professionnels qui ""par principe passent leur vie à se chamailler" a pu se faire, c'est "tout simplement parce qu'ils se sont sentis investis d'une forme de mission de service public d'assurer la continuité alimentaire". Le déconfinement pourrait toutefois sonner le glas de cette union sacrée, car, "finalement, leurs intérêts sont divergents."
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