Dimanche soir, un séisme a eu lieu près de Landévant, dans le Morbihan. Bien que cela ait surpris, le phénomène sismologique est fréquent en Bretagne. Explications avec Mickaël Bonnin, physicien adjoint au laboratoire de Planétologie et Géoscience de l'Université de Nantes.
Des secousses sismiques ont eu lieu dimanche vers 21h50 au sud de Landévant, d’une magnitude de 3,9 sur l'échelle de Richter. Les séismes sont-ils des phénomènes exceptionnels en Bretagne ?
MB : C’est en réalité un phénomène assez récurrent. En Bretagne et dans le nord-ouest de la France, il y en a toutes les semaines. La plupart d’entre eux ne sont pas ressentis par la population. Pour que ce soit le cas, il faut que sa force soit au-dessus de 3 sur l’échelle de Richter. Des séismes ayant une magnitude ressentie, comme celui qui s’est produit dimanche, sont en revanche plus rares. On en compte quelques-uns par an dans tout le nord-ouest, et un tous les trois ou quatre ans pour la Bretagne.
Comment expliquer que l’on soit aussi surpris à chaque fois qu’il y en a un ?
Ces séismes se produisent rarement au même endroit. La population concernée n’est jamais la même. Avant qu’un séisme ne reviennent, s’il revient, plusieurs décennies peuvent s’écouler. Non loin de Landévant, il y avait par exemple déjà eu un séisme en 2002, dont l’épicentre était Hennebont.
Comment expliquer ces séismes ?
Pour qu’il y ait un tremblement de terre, il faut qu’il y ait une faille. Généralement les failles se mettent à glisser du fait de la tectonique des plaques. Cependant, dans le nord-ouest de la France, le Massif Armoricain se trouve loin des limites de plaques. Il n’y a pas vraiment de chargement tectonique. Concrètement, cela veut dire que l'explication n’est pas à trouver du côté de la tectonique des plaques. Le massif Armoricain est ce qu'on appelle une "zone continentale stable". C'est le cas également pour l'Australie, le centre des Etats-Unis, ou encore pour une grande partie de l'Afrique. Des pistes sont à l’étude. On sait qu’il y a beaucoup de failles en Bretagne, d’autant plus qu’elles sont visibles et en surface. Par conséquent, elles peuvent être plus facilement sollicitées par les forçages externes.
C'est-à-dire ?
Le type de climat sur lequel on se trouve, les circulations d’eau avec d’importants fluides qui circulent dans la croûte, tout cela peut générer des glissements. Il y a également en Bretagne les effets des marées, avec des marnages assez forts et différentiels entre le nord et le sud de la région. Une différence de contrainte qui, là aussi, pourrait être une explication des séismes qui surviennent. A l’heure actuelle aucune explication n’est retenue, on dispose de peu d’informations. Mais notre vision des choses va évoluer dans les prochaines années. Depuis 2019 de nombreuses stations sismologiques ont été installées partout en France (passant de 50 à 200), y compris dans le nord-ouest (de 3 à 26). Nous pourrons ainsi mieux repérer les séismes, agir en conséquence, et comprendre pourquoi ils se produisent dans les différentes régions.
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