Basée à Saint-Georges-sur-Loire, l'entreprise Athéna Recherche et Innovation travaille sur la production d'hydrogène à partir d'eaux usées d'usines agroalimentaires, grâce à des bactéries. Après cinq ans d'essais en laboratoire, elle s'apprête à tester son système dans des usines de la région.
Produire de l’hydrogène à partir des eaux usées d’usines agroalimentaires : c’est le pari un peu fou de l’entreprise Athéna Recherche et Innovation, fondée en 2016 à Saint-Georges-sur-Loire. Elle va bientôt le tester grandeur nature dans une laiterie des Pays de la Loire.
« Au départ, on voulait produire du pétrole brut par fermentation, raconte Ludovic Briand, cofondateur de l’entreprise. Pour moi qui suis ingénieur dans le pétrole à la base, produire en quelques heures ce que Mère Nature met un million d’années à faire, c’était très tentant. »
Avec son associé Romain Irague, docteur en microbiologie, ils commencent donc à cultiver des bactéries. « Mais on a des bactéries qui n’en font qu’à leur tête, s’amuse l’ingénieur. Elles ne voulaient pas faire de pétrole brut, mais elles se sont mises à faire de l’hydrogène. »
Une découverte qui tombe au bon moment. « C’est arrivé en 2018, quand Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique, a sorti son plan hydrogène avec une vision à 30 ans, donc on s’est dit qu’on était dans le bon tempo », explique-t-il.
Le processus repose sur la fermentation. « Les eaux usées sont pleines de ressources : des sucres, des protéines, des lipides et tout un tas de minéraux. C’est exactement ce dont ont besoin les bactéries pour se développer, donc on les fait pousser dessus. En se développant, elles rejettent de l’hydrogène. »
Après cinq ans d’essais dans un laboratoire à Nantes, l’entreprise s’apprête à changer d’échelle. « Là on va mettre en route un réacteur de 50 litres, puis un démonstrateur industriel mobile d’1 m3, qu’on va pouvoir emmener dans les usines pour des essais dès le printemps 2022. »
Athéna Recherche et Innovation a déjà trouvé des clients potentiels. « Il y a beaucoup d’industriels de l’agroalimentaire qui aujourd’hui ne savent pas quoi faire de leurs eaux usées, donc ils sont très contents de trouver une solution, qui en plus produit de l’hydrogène. »
« On travaille beaucoup avec l’industrie laitière, depuis plusieurs années, mais aussi avec des biscuitiers, des traiteurs industriels, qui produisent des desserts ou des plats préparés à base de fruits de mer », détaille Ludovic Briand.
L’objectif est que l’hydrogène produit soit consommé sur place. « Il peut être réinjecté comme carburant dans leurs camions qui tournent aujourd’hui au gasoil, et donc supprimer des gaz à effet de serre et des particules fines. Il peut aussi être mélangé au gaz naturel pour alimenter leurs chaudières. »
Le premier site pilote, une laiterie des Pays de la Loire, doit démarrer fin 2023-début 2024. « L’objectif est de produire 40 tonnes d’hydrogène par an, de quoi rouler 400 000 kilomètres avec un camion de 44 tonnes », précise l’ingénieur. L’entreprise compte produire 100 000 tonnes d’hydrogène à l’horizon 2040.
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