Jair Bolsonaro aurait obtenu 48,12% des voix, selon des premiers résultats partiels. Il affrontera au deuxième tour le candidat de la gauche, Fernando Haddad qui arrive en seconde position avec 26,9% des voix. La campagne électorale a été extrêmement polarisée entre ces deux camps.
Le climat est électrique au Brésil. Il faut dire que le contexte politique, économique et social de ce scrutin est particulièrement sombre: 23 millions de pauvres, 13 millions de chômeurs, une violence endémique et des élites corrompues. Le peuple brésilien est désabusé. C'est ce que rappelle Alfredo Valladao, professeur à Sciences-Po Paris, spécialiste de l'Amérique latine, au micro de Pauline de Torsiac.
On le voit, cette élection présidentielle intervient alors que le Brésil, le plus grand pays d’Amérique latine, est englué dans une série de crises. Et dans ce contexte, la campagne a été pour le moins inédite, pour plusieurs raisons. La candidature de l’ex-président Lula tout d'abord, emprisonné pour corruption, a été invalidée en août dernier après une feuilleton politico-judiciaire de plusieurs mois.
Il a été remplacé par l’ex-maire de Sao Paulo, Fernando Haddad. Conséquence de ces rebondissements, le nouveau candidat du parti des travailleurs a fait une entrée en campagne tardive, le 11 septembre dernier. Face à lui, celui qui est devenu le favori de ce scrutin, le député Jair Bolsonaro à la tête du parti social libéral.
Le candidat d’extrême-droite a été poignardé à l’abdomen lors d’un bain de foule début septembre et il n’a pas pu faire campagne pendant trois semaines. Alfredo Valladao explique pourquoi le candidat d'extrême-droite, nostalgique de la dictature militaire, fait figure de favori.
Ce dernier s'attire donc les sympathies des électeurs, davantage par rejet du système que par adhésion à son programme électoral. Il peut d'ailleurs compter sur de plus en plus de pasteurs évangéliques de haut rang, qui appellent ouvertement à voter pour leur candidat.
Il faut dire que le poids des évangélique est de plus en plus important dans le plus grand pays catholique au monde. Ils représentent plus d’un quart de la population brésilienne. Les évangéliques viennent des milieux populaires. Ce sont les laissés pour compte de l’Etat.
On les trouve dans les favelas, les zones rurales, là où les églises évangéliques se sont finalement présentées comme un recours à la pauvreté. Et ce qui leur plaît chez le candidat d’extrême droite, c’est qu'il est un candidat anti système. C'est ce que rappelle la journaliste Lamia Oualalou, auteur du livre “Jésus t’aime ! La déferlante évangélique” aux éditions du Cerf.
Les catholiques ont d’une certaine façon eux aussi pris part au débat. Dans un message, publié le jour de la fête nationale, le 7 septembre dernier, la Conférence des évêques brésiliens a exhorté les catholiques du pays et l’ensemble des Brésiliens à ne pas céder au "découragement" et à se saisir de la prochaine élection présidentielle.
"S’abstenir ou voter en blanc affaiblit la démocratie et met en péril la possibilité de purifier la politique" expliquent les évêques brésiliens. Sans donner de consigne de vote, les évêques donnent des pistes de "discernement" aux électeurs et pointent les problèmes de fond qui minent le Brésil comme la corruption ou la pauvreté.
Au-delà du choix d’un candidat anti-système, le futur président aura de nombreux chantiers à mettre en oeuvre pour relever son pays. Eet si les marchés ont fini par prendre le parti du candidat d’extrême-droite c’est parce qu’il devrait désigner un ministre de l’économie plutôt libéral. Mais quelque soit le président élu au deuxième tour, de nombreux défis l’attendent. Le second tour de scrutin présidentiel aura lieu dans trois semaines, le 28 octobre prochain.
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