JavaScript is required
Partager

Présidentielle: l'Ukraine à l'heure du choix

Un article rédigé par Pauline de Torsiac - RCF,  - Modifié le 26 juin 2021
Le dossier de la rédactionPrésidentielle: l'Ukraine à l'heure du choix
Les Ukrainiens étaient appelés aux urnes pour élire leur futur président. C’est le comédien Volodymyr Zelenski, novice en politique qui est arrivé en tête du premier tour.
podcast image par défaut

Ce comédien affrontera pour le second tour le 21 avril prochain le président sortant Petro Porochenko qui a obtenu lui, 18% des voix, selon des sondages sortis des urnes. Ce premier tour de scrutin vient confirmer une chose : la classe politique n’est plus crédible aux yeux des Ukrainiens. Corruption, promesses non tenues, conflit dans le Donbass, le peuple est pour le moins désenchanté. Cyrille Bret, maître de conférences à Sciences Po et directeur d'EurAsia Prospective, un site consacré à la géopolitique européenne et russe, rappelle dans quel contexte intervient ce scrutin.

Deux candidats incarnent notamment ce rejet à commencer par le président sortant Petro Porochenko, homme d’affaires élu à la suite du mouvement du Maïdan en 2014 mais dont le bilan est maigre avec une activité économique en berne mais aussi la guerre endémique dans le Donbass qui a déjà fait plus de 13.000 morts à laquelle il n’a pas mis fin. Autre point en sa défaveur, il s’est servi de la campagne pour octroyer des aides sociales à ceux qui s'engageaient à voter pour lui. Autre figure de la classe politique ukrainienne éliminée au 1er tour, Ioulia Tymochenko.

Ancienne Première ministre, égérie de la Révolution orange, sa candidature était entachée par une condamnation à sept ans de prison pour abus de pouvoir dans le cadre de contrats gaziers signés avec la Russie. Ces deux candidats défendent une candidature de de l’Ukraine à l’UE et à l’OTAN. Dans ce contexte de rejet des élites, c’est un candidat atypique qui a tout au long de la campagne été en tête des sondages et qui arrive donc en tête de ce 1er tour.

Ce candidat est apparu le 31 décembre dernier : Volodymyr Zelensky, comédien et producteur célèbre qui a déjà été président mais dans une série télé où il incarne un prof de lycée qui est élu président grâce au succès viral d'une vidéo anticorruption. Russophone, Volodymyr Zelensky attire un public jeune et dégoûté par les professionnels de la politique. Jean François Colosimo, historien, directeur des éditions du Cerf, en dit plus sur ce candidat atypique.

Un candidat atypique mais pas pour autant crédible. En revanche ce qui change, c’est l’influence de la Russie en Ukraine en perte de vitesse alors qu’elle n’a jamais été aussi présente sur le terrains. Cyril Bret explique pourquoi.

Le clivage Est/Ouest n’a pas forcément de raison d’être dans ce scrutin présidentiel. En revanche, l’un des enjeux du scrutin, c’est l’émigration. C’est l’une des conséquences des évènements de ces cinq dernières années. La guerre en Crimée puis dans le Donbass, l’effondrement économique du pays font  fuir la population. Comme le rappelle Jean-François Colosimo.

D’après la banque centrale, 12 milliards de dollars seront cette année injectés dans l’économie par les travailleurs émigrés, contre 7 milliards en 2015. Cela représente plus de 10% du produit intérieur brut de l’Ukraine.

Il y a enfin le rôle clé de l'Eglise orthodoxe. Le 5 janvier dernier, elle a publié sa déclaration d’indépendance. Une décision qui constitue une nouvelle épisode d'un divorce politique, culturel et social entre Kiev et Moscou. Bartholomée Ier, le patriarche oecuménique orthodoxe de Constantinople, a signé au début de l’année le tomos d’autocéphalie, c’est-à-dire la déclaration d’indépendance de l’Eglise orthodoxe ukrainienne.

Cette décision met fin à plus de 300 ans de rattachement du clergé ukrainien à l’Eglise orthodoxe russe est historique et est indissociable de ce que vit la nation ukrainienne ces dernières années comme nous l’explique Antoine Arjakovsky, historien et co-directeur du département "Politique et Religions" au Collège des Bernardins.


 
Depuis janvier, 400 des 10.000 paroisses qui appartenaient au patriarcat de Moscou ont rallié l’église orthodoxe ukrainienne. Si l’Ukraine s'est brouillée sur de nombreux plans avec la Russie, elle traverse aujourd’hui la pire crise depuis son indépendance en 1991. Ce pays de 45 millions d’habitants aux portes de l’Union est l’un des Etats les plus pauvres d’ Europe. De nombreux défis attendent le futur président qui sera élu le 21 avril prochain. Défis à l’Est sur le terrain de la guerre du Donbass où il faudra faire taire les armes mais aussi défis sur le plan économique et politique pour stopper la corruption.

 

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.