L’Observatoire international des prisons indique recevoir chaque semaine deux signalements de détenus qui déclarent avoir été violentés physiquement par du personnel pénitentiaire. L’OIP lève donc le voile sur ce tabou et réalise une enquête d’envergure inédite.
"La grande majorité des violences ont lieu dans le cadre d’altercations qui dégénèrent. La prison est un univers violent et l’escalade de la violence qui fait qu’une insulte d’un détenu aura pour réponse une gifle d’un surveillant. Au moment de maîtriser un détenu, on va le plaquer au sol, lui mettre un coup de pied. Au lieu d’utiliser la force strictement nécessaire, il va y avoir des abus et des dérives. Il y a aussi d’autres formes de violences plus rares, des expéditions punitives. Il y a aussi des complicités de violence, des violences déléguées à des co-détenus en fermant les yeux sur ce qui peut se passer en cour de promenade, ou dans une coursive" explique Cécile Marcel, directrice de l’Observatoire international des prisons.
"Tout à fait. Nous n’avons pas voulu faire un rapport à charge et nier que les surveillants étaient également victimes. Mais là il y a un angle mort, et sur ce sujet, celui qui n’est jamais abordé, ce sont les violences des surveillants sur les détenus. Et il nous semblait important de parler de cet angle mort. Car ce sont des faits graves, illégaux, et que cette violence là alimente aussi la violence des détenus" ajoute-t-elle.
"On attend une prise de conscience générale. On souhaite sortir du déni et de l’omerta, de la même manière que l’on parle aujourd’hui des violences policières. On attend un signal très fort envoyé par le ministère de la Justice et l’administration pénitentiaire. Ces violences sont injustifiées et injustifiables, et il faut y mettre un terme. Il faudrait mettre en place des plateformes qui permettraient aux détenus de signaler ces violences. Les dispositifs actuels sont insuffisants" conclut-elle.
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