C’est un univers qui attirait la réalisatrice depuis l’enfance et qu’elle a choisi d’explorer pour son troisième film. Elle en a tiré une histoire à la fois solaire et intimiste.
PROXIMA c’est le nom de la mission pour laquelle Sarah, une astronaute française, vient d’être sélectionnée. Elle va donc partir un an dans l’espace, aux côtés d’un russe et d’un américain, et doit, pour cela, quitter sa fille de 8 ans dont elle a la garde.
Le film se concentre sur la période qui précède le départ et nous parle donc de l'espace ... sans jamais quitter la terre !
Cela fait maintenant plusieurs films, comme GRAVITY ou AD ASTRA plus récemment, qui rapprochent la conquête spatiale d’une forme de voyage intérieur.
Et dans PROXIMA, Alice Winocour aborde les deux ! D’abord, l’incroyable préparation physique exigée par tout séjour dans l’espace, qui est traitée de manière quasi-documentaire. Le film a été tourné uniquement en décors réels, à Baïkonour et à l’Agence spatiale européenne, auprès des astronautes français Thomas Pesquet et Claudie Haigneré.
Mais la réalisatrice ausculte aussi de manière subtile et charnelle, le long processus de séparation de la mère et de sa fille. Et elle soulève la question de la culpabilité des femmes, face à leurs choix professionnels et leur responsabilité parentale.
C’est Eva Green - qui joue le rôle de Sarah- et elle est prodigieuse. C’est son premier grand rôle joué dans sa langue maternelle. Elle est la fille de Marlène Jobert et elle avait beaucoup tourné jusque là pour des réalisateurs anglo-saxons comme Tim Burton notamment.
Ici elle est aussi crédible en femme-machine surentrainée et hyper-résistante, qu’en mère douce et attentive. Elle possède à la fois une force et une poésie un peu surnaturelles, qui lui permet d’incarner toute la difficulté des femmes à être acceptées dans des univers essentiellement masculins.
Oui « Notre mère la Terre », comme dirait le pape François ! parce que ce long chemin de séparation, c’est aussi celui qui va de la Terre à l’Espace. Et c’est quand ils s’apprêtent à la quitter, que les trois astronautes en mesurent toute la beauté.
Il faut saluer ici le formidable travail fait sur la bande son, qui transforme certaines scènes en de vraies immersions sensorielles, comme avec le bruit du vent dans les feuillages ou l’ambiance quasi-amniotique d’un bain dans une piscine.
Le corps a toujours occupé une place importante dans la filmographie d’Alice Winocour, depuis AUGUSTINE, son premier film remarqué, qui relatait un cas célèbre d’hystérie, guéri par hypnose. Mais il trouve ici une place beaucoup plus apaisée. Et la séparation finale devient même un chemin de libération, où chacune a trouvé sa place.
Le film a reçu une mention du Jury œcuménique lors du Festival International de San Sebastian.
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