Nous sommes en mai 68. La police évacue les étudiants qui occupent alors la Sorbonne. Des dizaines d’entre eux sont arrêtés. Des manifestations éclatent dans le quartier latin aux cris de : "mibérez nos camarades !". La révolte des étudiants atteint son point culminant dans la nuit du 10 au 11 mai. Un événement dont on commémore aujourd’hui le cinquantième anniversaire.
Durant cette nuit, étudiants et CRS s’affrontent dans de véritables combats de rue. C’est ce qu’on appelle la nuit des barricades. Tout le monde a les images en tête. Voitures incendiées, rues dépavées, vitrines brisées. Le pays est stupéfait. L’agitation étudiante qui était jusque là isolée rencontre ainsi la sympathie d’une partie de l’opinion publique.
Cela dit, mai 68 n’a pas commencé en mai. Beaucoup estiment que le point de départ du mouvement débute le 22 mars. Ce jour-là, près de 150 étudiants menés par Daniel Cohn-Bendit décident d’occuper la tour centrale administrative de la faculté de Nanterre dans les Hauts-de-Seine. Les étudiants posent à ce moment-là les bases du mouvement civique et politique le plus important de l’après-guerre en France.
Le 10 mai, une nouvelle manifestation va venir tout bouleverser. La nuit tombée, les étudiants occupent le quartier latin et dressent des barricades. La répression est si violente que deux jours plus tard c’est le pays tout entier qui se met en grève générale. Le pays est totalement paralysé, pendant plusieurs semaines à tel point que la situation échappe de plus en plus au pouvoir politique.
A cette époque, même si beaucoup parmi les responsables ecclésiaux se sont montrés circonspects voire critiques vis-à-vis du mouvement des étudiants, l’Église catholique de France a observé les faits avec une certaine bienveillance. Il faut dire que mai 68 intervient à un moment où l’Église connait une grave crise amorcée dans les années 50, au moment où se tient le concile Vatican II. Une crise qui se poursuit par d’importants départs de prêtres dans les années 70.
Cette bienveillance de l’Église se traduit en particulier à travers la personne du tout jeune archevêque de Paris, qui prend ses fonctions dans un climat plus que délicat, Mgr Marty. Son secrétaire particulier de l’époque, Mgr George Gilson, explique à RCF que le cardinal Marty a cherché dès le début à comprendre et à prôner la paix et le dialogue.
Le 27 mai 68, les accords de Grenelle seront finalement signés entre le gouvernement et les syndicats. Des accords qui mentionnaient alors une augmentation de 35% du salaire minimum, 10% des salaires réels. Trois jours plus tard, le président de Gaulle décide de dissoudre l’Assemblée nationale. Des élections législatives sont organisées le 30 juin, la droite les remporte. C’est la première fois que le mouvement gaulliste obtient la majorité absolue des sièges. Pourtant c’est là aussi que de premières divisions au sein du gaullisme apparaissent. Mai 68 reste à ce jour le plus important mouvement social de l’histoire de France au XXème siècle.
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