La longueur de ce dépouillement a beaucoup surpris. Cela a alimenté le soupçon pour les partisans de Trump les plus acharnés. Le président l’avait anticipé dans ses discours ou tweets depuis plusieurs mois, semant le doute. On a beaucoup entendu dire ces derniers jours que le système américain avait souffert que la démocratie américaine était fragilisée. Est-ce vraiment le cas ? "Je ne le pense pas. Il ne faut pas oublier que la pandémie a altéré tout le processus de campagne. C’est la situation exceptionnelle qui a donné ce sentiment de faiblesse des institutions. Mais je pense qu’elles sont beaucoup plus fortes que ce qu’on peut penser", assure William Genieys politologue et professeur à Science Po.
Donald Trump a engagé des recours en justice. Mais il n’y a pas que cela. Selon le dernier décompte ce mardi, Trump avait plus de 71 millions de voix. Joe Biden est à plus de 75 millions. Mais 71 millions pour Trump c’est 8 millions de plus environ qu’en 2016. Ce qui montre que non seulement il a gardé sa base électorale mais qu’en plus il a réussi a conquérir des électeurs. Pour Bertrand Badie spécialiste des relations internationales et enseignant à Science Po, le trumpisme s’est ancré. "C’est le révélateur d’une crise assez profonde d’une société américaine qui redoute la mondialisation, qui se sent dépossédée. Une telle dynamique ne s’efface pas par un coup de baguette électorale", affirme-t-il.
Une autre leçon de cet ancrage du trumpisme, c'est l'implosion du parti républicain. "Ce mouvement, personne ne l’a vu venir. Il faut réfléchir en termes de 'démocrates versus trumpistes. C’est une nouvelle entité", explique Françoise Coste, historienne des Etats-Unis à l’université Toulouse Jean Jaurès.
Dans 4 ans, l’actuel président aura 78 ans soit un an de plus que Biden aujourd’hui. Un retour est sans doute dans un coin de sa tête. Tout est envisageable avec un personnage aussi imprévisible. Pour autant, à l’intérieur du parti républicain, il ne fait plus tout à fait l’unanimité.
Il pourrait donc aussi bien retourner au business ou se lancer dans les médias. Mais pour ce milliardaire pour qui le monde est un monopoly, il y a aussi le risque de passer par la case prison ou du moins tribunal. "Il va falloir qu’il épure les contentieux qu’il tente contre les élections. Il y a aussi les contentieux pour les affaires qui le poursuivent", explique William Genieys.
Jusqu’à la prise de fonction de Biden le 20 janvier prochain, Trump est toujours le président en exercice. Il peut continuer de prendre des décisions. Il a d’ailleurs limogé mardi son ministre de la Défense. Il peut aussi gracier un certain nombre de ses proches impliqués dans des dossiers compromettants.
D’ordinaire après une alternance, il y a une période de transition entre l’ancienne et la future administration. Elle va forcément ne pas être cordiale. Mais pour Jean-Eric Branaa, chercheur et spécialiste des Etats-Unis, Trump ne peux pas vraiment laisser un champ de mine à son successeur. "Aux États-Unis, les dossiers n’appartiennent pas à un parti politique ou un gouvernement. Ils appartiennent au peuple américain et tout est archivé aux archives nationales. Ce que peut faire Trump c’est retarder la transmission des dossiers. La transition se fera quoi qu’il arrive", conclut-il.
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