Alors que le confinement vient de se terminer, nous sommes toujours encouragés à télétravailler, à passer des commandes en ligne, pour éviter les contacts physiques. Les enfants et adolescents sont eux aussi beaucoup plus exposés aux écrans. Télévisions et ordinateurs ont pu être de bons compagnons en cette période, mais ils peuvent avoir des conséquences graves sur la santé des plus jeunes.
Une étude menée en France par deux enseignantes a montré que durant le premier confinement, les enfants de 6 à 12 ans ont passé en moyenne 7 heures par jour derrière un écran. Le deuxième confinement a permis aux enfants et aux adolescents de se rendre à l’école, au collège et au lycée. Mais avec le couvre-feu, la tentation des écrans reste forte. Séverine, cadre en télétravail et maman de quatre enfants, y a vite cédé : "Ça m'arrangeait bien que les enfants soient sages dans un coin en faisant autre chose. On a lâché la notion de contrôle sur les écrans. En ayant pas de jardin, c'est un peu compliqué. Trouver l'activité qui va leur plaire à tous au même moment, c'est mission impossible".
La culpabilité est souvent grande chez les parents car les risques engendrés sur la santé sont importants. "Quand on est longtemps exposé aux écrans, on a un temps qui est pris sur le sommeil. Le petit enfant peut aussi avoir un sommeil haché. Quand vous avez le sommeil touché, vous avez des troubles de mémorisation et d'humeur", explique Sylvie Dieu Osika, pédiatre et cofondatrice du collectif "Surexposition écrans".
Il y a aussi d'autres dangers : tomber sur un site malveillant ou voir des images choquantes par exemple.
Beaucoup dénoncent le fait que les jeux vidéo et les réseaux sociaux ne correspondent pas à la vraie vie. Lorsque l’on parle à quelqu’un sur une messagerie, de fait on ne le rencontre pas en vrai, ce qui se justifie en cette période de crise sanitaire. Mais il faut rester vigilant. "Quand on rencontre des vrais gens pour de vrai, on sécrète de l'ocytocine, une hormone du plaisier social, qui permet de réguler le stress. L'être humain est un être social fondamentalement. Les réseaux sociaux peuvent être très isolants et anxiogènes", affirme Anne Lefebvre, psychologue et présidente de l’association Alerte Écrans.
Durant les confinements, des parents se sont intéressés à ce que faisaient leurs enfants sur internet. Ils ont aussi pu jouer à des jeux vidéos avec leurs enfants. C’est le côté positif de cette période selon Michael Stora, psychologue et cofondateur de l’Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines. Il estime que les jeux vidéos ont pu être source d’évasion pendant cette crise. "La pratique du jeu vidéo s'est accentuée. Je crois qu'il faut arrêter de faire du jeu vidéo un objet de convoitise, de trangression parce que ça ne fait qu'enflammer le désir chez l'enfant", assure-t-il.
Face au risque de surexposition, certains préconisent également aux parents de rester disponibles et de s’intéresser à ce que fait l’enfant. Ne pas le laisser seul avec son ordinateur dans sa chambre par exemple. "Les parents doivent être disponibles et quand ils s'occupent de leur bébé, ils ne doivent pas avoir le téléphone dans la main ou la télé allumée. Tant que l'enfant ne parle pas, il ne doit pas être devant les écrans. Ensuite, un écran devrait pouvoir être consulté dans la même pièce que les adultes", conseille la pédiatre Sylvie Dieu Osika.
L'addiction aux écrans ne concerne pas que les plus jeunes, cela peut nous toucher tous. Il est possible de se faire aider en consultant un addictologue ou un psychologue.
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