Des fermetures dans des zones rurales mais aussi des villes moyennes et qui inquiètent élus et habitants en premier lieu les futures mamans...
L’une des dernières maternités à fermer en date : Bernay dans l’Eure il y trois semaines. Pour les plus médiatiques on peut parler aussi de Creil dans l’Oise, Die dans la Drôme, ou Le Blanc dans l’Indre fermée depuis 2018. Un combat engagé depuis plus de 300 jours par les soignants et les habitants mais début 2019, la justice administrative a validée la décision de l’ARS et de l’Etat de la fermeture au motif du manque de praticiens. Véronique Champingy est membre du collectif et milite toujours pour la réouverture de la maternité de l'Indre.
Autre exemple dans la Drôme au pied du Vercors. La maternité de Die elle-aussi a fermé en 2018. C’était l’une des 15 maternités dont la Cour des comptes préconisait la fermeture en 2015. Pour les futures mamans, désormais une heure de route minimum et 70km pour accoucher à celle de Valence. Cette fermeture est revenue à la une, il y a quelques semaines avec la mort d’un bébé in utéro le 18 février. Une enquête de l’Agence régionale de la santé est en cours. Alors rien à ne ce stade ne permet de dire qu’il aurait pu être sauvé avec une maternité encore ouverte sur place mais dans l’esprit des habitants ce drame est révélateur. Philippe Leweenberg préside le collectif de défense de l’hôpital de Die.
Les différents collectifs locaux se sont rassemblés au niveau national. Le mois dernier, au Blanc, se tenait même des Etats généraux des petites maternités. Le sujet s’est aussi invité dans le mouvement des Gilets jaunes et le grand débat national. Les élus sont particulièrement inquiets pour l’attractivité de leur territoire. François Bonneau, le président de la Région Centre Val de Loire, attaque lui aussi l'Etat et l'Agence Régionale de Santé.
Tous demandent le maintien de ces maternités. Le problème est de trouver des praticiens en nombre suffisant pour fonctionner en toute sécurité. C’est l’argument du gouvernement, il en n’y en a pas assez. Pour les opposants aux fermetures, l’Etat cherche à faire des économies sur l’hôpital, là où il est lui-même responsable d’une partie du problème en ayant mal gérer la démographie médicale. Or Il faut 12 ans pour former un obstétricien. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français CNGOF qui est une instance scientifique, critique d’ailleurs la politique de l’Etat depuis 30 ans de restreindre le nombre de spécialiste pour faire des économies. Son président, le Professeur Israël Nisand, a répondu aux questions de RCF.
Pour éviter qu'on ne continue à diminuer les effectifs dans les maternités, un groupe de travail du CNGOF vient de publier un livret sur les effectifs nécessaires à la sécurité dans les maternités. En dessous d’un certain seuil, il y a danger rappelle Israël Nisand.
Dans une tribune au Figaro le Collège précise que "le critère de taille d'une maternité n'est pas suffisant et qu'il faut surtout regarder la qualité des soins prodigués. Une maternité, fût-elle petite, dont la tutelle déciderait de mettre les moyens nécessaires et qui aurait de bons indicateurs ne devrait pas fermer". Pour le collège, il faudra se résoudre à transformer certaines maternités en Centres périnataux de proximité où les consultations durant la grossesse sont assurées avec ensuite un protocole pour l’accouchement. Les explications du Professeur Nisand.
Une proposition qui ne risque sans doute pas de satisfaire les élus. La ministre de la Santé a indiqué le week-end dernier que des réouvertures de maternités ne sont pas à l’étude. En revanche cette semaine, Emmanuel Macron a rouvert la possibilité de réétudier le dossier de la maternité de Creil. Reste que 167.000 Françaises résident à 45 minutes ou plus de la maternité la plus proche, selon une étude publiée en janvier dernier par la Drees.
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