"Cela doit être l’alpha et l’oméga de nos interventions" a assuré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin au sujet de la lutte contre les stupéfiants. Elle sera au cœur du plan sécurité. Et pour tenter d’endiguer le problème, une amende forfaitaire de 200 euros sera généralisée. Elle avait déjà été mise en place depuis le 1er septembre pour les consommateurs de drogue.
Selon le chercheur Mathieu Zagrodkzi, la solution permet d’agir rapidement car aujourd’hui lorsque les policiers contrôlent une personne qui possède des stupéfiants, ils "jettent les stupéfiants dans le caniveau et disent 'qu’on ne t’y reprenne plus'". En revanche, le spécialiste des questions de sécurité émet quelques réserves quant à la résolution totale du problème des stupéfiants : l’amende ne dissuadera pas les consommateurs qui ont une addiction.
Gérald Darmanin a également décidé que seront publiés chaque mois, dans un point presse Place Beauvau, les chiffres de cette lutte contre les stupéfiants. Selon le ministre de l’Intérieur, la France est "malade de son insécurité" et il faut donc "prendre sa température". Yves Lefebvre, le secrétaire général de l'unité SGP du syndicat de police Force ouvrière, est favorable à cette volonté de communiquer sur les chiffres. Mais il craint que cela ne devienne une politique du chiffre. "Il ne va pas falloir que cette présence rime avec objectifs chiffrés donnés aux policiers. [...] Il faut lutter contre les délits, crimes et infractions mais il faut le faire avec beaucoup de discernement", estime Yves Lefebvre.
Communiquer les chiffres peut s'avérer risqué puisqu'il faut apprendre à les lire. Certaines infractions sont en augmentation quand d'autres diminuent. Par ailleurs, le directeur de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) Christophe Soullez explique que concernant l'intensité de la violence, "on dispose d'assez peu d'outils pour la mesurer". "On ne peut pas résumer la délinquance en un chiffre unique, c'est impossible", conclut-il.
Pour verbaliser davantage, il faudra donc plus de forces de l'ordre dans les rues. Mais en France, il n'y a aucune preuve que cela a une incidence directe sur la délinquance. Pour Mathieu Zagrodzki, il a toutefois une conséquence sur le sentiment d'insécurité. "Si vous déployez des policiers qui sont dans une optique strictement offensive, vous allez peut-être rassurer une partie de la population mais vous allez peut-être tendre une autre partie", explique-t-il.
Améliorer les relations entre la police et la population est un enjeu majeur alors que les forces de l'ordre souffrent d'une importante défiance. Jérôme Disle est président de l'association Espoir 18 qui accompagne des jeunes du 18ème arrondissement de Paris dans leur insertion sociale. Ils lui racontent parfois de fortes oppositions avec la police et des mauvaises relations. "Ce qui est compliqué souvent ce sont les contrôles qui se passent mal et cela crée de la stigmatisation. Certains jeunes racontent qu'on les tape et qu'on leur manque de respect", raconte Jérôme Disle.
Mais le président de l'association l'assure, il ne faut pas faire de généralité et il y a une majorité des jeunes qui ont de bonnes relations avec la police. C'est un travail qu'Espoir 18 mène depuis sept ans. Ils organisent des rencontres entre les jeunes des quartiers populaires et les policiers, lors desquelles chacun peut débattre et discuter. Et le plus souvent, les perceptions des uns et des autres changent et les relations entre la police et les jeunes s'améliorent.
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