Cédric O, le secrétaire d’état chargé de la transition numérique était à Angers (Maine-et-Loire) la semaine dernière, à la rencontre des industriels et des collectivités engagés dans des projets de “smart city”. Angers est une ville en avance dans ce domaine, une caractéristique qui en a fait la première étape d’un tour de France des territoires connectés.
Une “smart city”, littéralement "ville intelligente", est une ville mieux gérée et plus économe grâce aux nouvelles technologies. Etienne Dugas, le président d’Infranum, le syndicat regroupant les professionnels des infrastructures numérique explique les bénéfices de ces installations : "l’objectif étant pour l’ensemble des services publics d’une collectivité locale (éclairage public, déchets, énergies) de voir comment on désilote, on met des capteurs sur l’ensemble des réseaux, on optimise. Les données remontent sur une plateforme centralisée, l’objectif étant d’apporter de nouveaux services aux citoyens".
L’agglomération d’Angers s’est lancée dans ce projet en 2018. A terme, 50 000 capteurs devraient être disséminés une peu partout dans la ville. Ils doivent permettre d'en finir avec le gaspillage d'énergie selon Constance Nebbula, l’adjointe en charge de ce projet pour l’agglomération d’Angers : "si les lumières en ville deviennent connectées avec un capteur, vous pouvez régler la luminosité en fonction du nombre de personnes qui passent dans la rue et de la lumière, forcément vous faites des économies".
Le projet avance à Angers. Plusieurs firmes ont remporté l'appel d'offre : Engie, Suez, la Poste et la mutuelle Vyv, pour un contrat de 178 millions d’euros sur sur les douze prochaines années.
Mais ces capteurs vont collecter beaucoup de données qui représentent des informations sur notre vie privée. Les citoyens peuvent donc se poser des questions sur leur utilisation. Olivier Eirtzscheid, enseignant chercheur en science de l’information à l’université de Nantes appelle à la vigilance. "Une fois qu’on a récupéré toutes ces données, la question c’est qui les récupère et comment vont être utilisées ces données. Il faut être extrêmement vigilant parce qu’une fois que ces technologies sont mises en place et qu’on en a pas mesuré les risques potentiels à leur vraie hauteur, c’est malheureusement trop tard", explique-t-il.
Les industriels et collectivités sont conscients de cette potentielle utilisation des données personnelles à des fins commerciales. Selon Etienne Dugas, le président d’Infranum, pour fixer des limites, "il faut absolument que la collectivité territoriale s’assure dans les contrats que les données soient produites dans un format et appartiennent bien à la collectivité territoriale et sont stockées localement".
L’agglomération d’Angers, elle aussi, est consciente de ces risques. Dans son partenariat avec Engie, elle a souhaité conserver la propriété de ces données et en ce qui concerne l’utilisation à des fins politiques, le maire Christophe Béchu a déclaré : "notre volonté, c’est la transition écologique, pas le contrôle social".
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