C'est une nouvelle qui a ravi les milliers de membres de la Communauté de l'Emmanuel ! Pierre Goursat (1914-1991) catholique français, a été déclaré vénérable par le pape François le 18 décembre 2024.
Une grande avancée dans le processus de reconnaissance de cette personnalité comme saint pour notre temps ! Jean-Luc Moens a connu Pierre Goursat. Il témoigne de ce parcours de vie habité par l'humilité, la prière, la compassion et l'évangélisation.
C'est la grande nouvelle annoncée le 18 décembre par le pape François : la canonisation équipollente des carmélites de Compiègne et la déclaration de vénérabilité pour Pierre Goursat, fondateur de la communauté de l'Emmanuel dans les années 1970. Une étape décisive a été franchie dans la reconnaissance de sainteté de ce croyant, dont trop peu de personnes connaissent à ce stade le parcours hors du commun.
Jean-Luc Moens : Je dirais l'humilité. Pierre est quand même le fondateur de la communauté de l'Emmanuel. Il est un grand catholique français né en 1914 et il a perdu la foi quand il avait 14 ans. Il l'a retrouvé à la suite d'une expérience que je qualifierais de mystique alors qu'il était malade de la tuberculose et en rémission dans un sanatorium dans les Alpes. Et donc il a fait tout un parcours dans la foi catholique jusqu'aux années 1970, où il a mis en place la communauté de l'Emmanuel.
Je savais que c'était un homme de prière, un homme très humble, mais je le connaissais aussi. Je voyais, par exemple, qu'il était très perfectionniste et ça m'énervait. Je n'ai pas pensé qu'il pourrait être un saint avant sa mort. Après sa mort, j'ai ressenti beaucoup d'admiration pour Pierre, les saints sont beaucoup plus proches de nous qu'on ne le croit !
J-L M. : le processus de béatification d'une personne passe par différents stades. Dans le cas de Pierre, il fallait d'abord vérifier qu'il avait vécu les vertus chrétiennes (la foi, l'espérance, la charité, le courage, la sagesse, la prudence…), qu’il les avait vécues de manière héroïque. Je vais vous donner un exemple de son humilité : sa pauvreté. Quand il voyageait avec une valise, il n'y avait presque rien dedans. Si l'Église déclare l'héroïcité des vertus de quelqu'un, alors il est appelé vénérable et, comme le mot l'indique, on peut le vénérer. Ça veut dire par exemple qu'on peut mettre sa photo sur un autel ou dans une chapelle.
L'Eglise souhaite le montrer en exemple car il était un laïc !
Le pape l'a choisi parce que tout était prêt dans son dossier. Il faut dire les choses comme elles sont : il y a eu derrière tout ça un très gros travail de la part du postulateur, de ceux qui se sont occupés du procès diocésain, de la part des théologiens qui ont dû juger de l'héroïcité des vertus. En fait, il y a tout un gros travail pour arriver là. L’Eglise souhaite le montrer en exemple parce que qu'on se retrouve face au parcours d'un laïc !
J-L M. : Il est né dans une famille chrétienne, mais il a connu tout de suite les épreuves. Son père a quitté sa mère et je crois qu’il était déséquilibré. C'est quand même une enfance difficile pour Pierre qui était certainement un garçon très intelligent. Donc, il voyait aussi les choses de façon cartésienne et c'est probablement pour cela qu'il a perdu la foi.
À la suite d'un événement vraiment extraordinaire, il l’a retrouvée en 1933. Il a entendu la voix de son frère Bernard, décédé, qui lui disait “Tu m’as oublié, c’est parce que tu es devenu orgueilleux”. Ils n’étaient pas jumeaux mais très proches. Pierre était couché sur son lit quand il a entendu cette voix. Il s'est mis à genoux au pied de son lit et il a dit : ”J'ai senti l'amour de Dieu qui rentrait dans mon cœur”. Par ailleurs, il se fait qu'il y avait dans le sanatorium un vieux prêtre malade lui aussi, Pierre a commencé à sympathiser avec celui-ci. C'est ce prêtre-là qui lui a expliqué ce qu'il vivait et qui la ramené dans l'église catholique. Avant sa conversion, Pierre se comportait comme un dandy. Il était tiré à quatre épingles, et voulait être conservateur de musée. On peut dire qu'il était un “intello artistique”. En fait, il avait une certaine prédisposition à convertir sa vie, mais Dieu l'a saisi.
Ce qui a changé dans sa vie, c'est que la rencontre de Dieu l'a poussé à vouloir annoncer Dieu aux autres !
J-L M. : il a commencé à s'investir dans le cinéma parce que le 7e art était pour lui un moyen d'évangéliser. Sa vie, dès cet instant-là, a commencé à suivre un nouveau rythme. Il a découvert l'Eucharistie et il est devenu un adorateur du Saint-Sacrement. Puis, il s'est engagé dans le groupe des intellectuels catholiques, il a édité des revues pour essayer... Il s'est même consacré dans le célibat, dans le secret de son cœur. Cette consécration n’avait rien eu de démonstration publique.
J-L M. : je peux même dire que c'est lui qui l'a identifié comme étant un "coup" de la Vierge Marie. C'est très intéressant parce que Pierre s'est converti, mais il n'avait pas une relation tellement extraordinaire avec la Mère de Dieu. Vers la fin de la guerre, un jour quand il traversait la rue, une voiture conduite par un officier allemand l'a presque écrasé. Pierre a traité l’officier en question "d’idiot" ! Ce dernier s’est alors mis à le poursuivre dans le but de le tuer. C’est dans l'hôtel tenu par sa maman qu’il s’est réfugié, se cachant dans sa salle de bain. Et là, il a entendu une voix - une deuxième voix dans sa vie : “Tu es sauvé” ! il a reconnu distinctement la Vierge Marie.
Aussitôt, il a vu à la fenêtre de la salle de bain une échelle qui y était appuyée (alors qu'il n'y avait ordinairement pas d'échelle à cet endroit-là). En ouvrant la fenêtre, il est descendu par l'échelle et il a pu se cacher jusqu'à la fin du conflit. A partir de ce moment-là, il a entamé une très grande dévotion à la Vierge Marie ! Je peux vous dire que moi personnellement, j'ai découvert Marie grâce à Pierre...
J-L M. : Ce qui est frappant chez lui, c'est qu'il s'est accroché à l'adoration, à la prière. Quand il a quitté la responsabilité de la communauté, il n'était absolument pas sur le dos de son successeur pour lui dire quoi faire. A la fin de sa vie, il a décidé de s'enfouir plus profondément encore dans sa relation avec Dieu.
Je pense que le message de Pierre tourne autour de trois mots. Adoration, compassion, évangélisation. Adoration, donc la vie de prière, d'adoration du Saint-Sacrement. Compassion, parce que Pierre était toujours avec des pauvres. Et puis, il a consumé sa vie dans l'évangélisation. Pierre a vraiment découvert que, sans l'Esprit-Saint, tout ça ne fonctionnait pas. Et c'est pour ça que c'est son effusion de l'Esprit qui a été en quelque sorte le déclencheur de tout ce qui s'est passé après avec la communauté.
Plus d'informations sur le site : https://www.pierregoursat.com/
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