Radouane Lakdim a été l’auteur des trois attaques qui ont coûté la vie à quatre personnes. Abattu par les forces de l’ordre, il était pourtant connu des services de renseignement. Depuis 2014, il était fiché S.
"C’est un outil de travail des services de police qui évalue depuis un niveau assez faible (le simple intérêt) jusqu’à un niveau élevé (le réel danger) qui est porté par l’administration sur un individu pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Vous avez des fiches S pour l’extrême droite, pour l’extrême gauche et pour les islamistes" explique Thibault de Montbrial, avocat et président du centre de réflexion sur la sécurité intérieure.
"C’est totalement un outil de renseignement à tel point d’ailleurs que pour un certain nombre de fiches S, il s’agit de gens dont on ne sait pas où ils sont et la fiche S a pour vocation d’essayer de savoir où ils sont. Un service de renseignement étranger indique à ses homologues français qu’un de ses ressortissants vient d’arriver en France et qu’il serait en lien avec la mouvance islamiste. Dans ce cas là on le rentre dans le fichier des personnes recherchées, le FPR, et si jamais il y a un point de contact lors d’un contrôle entre des papiers d’identité et le nom qui apparaît sur le fichier, dans ce cas là on pourra dire qu’on a logé, c’est-à-dire localisé, l’individu. Les principaux endroits où il y a des contrôles sont d’une part les points d’entrée sur le territoire et les contrôles routiers. Ensuite sur la fiche S, il y a une conduite à tenir. Le service qui viendrait à contrôler une personne aurait sur son ordinateur, des consignes. C’est vraiment un outil de travail" ajoute l'avocat.
"Vous avez le fichier, FSPRT, le fichier des personnes radicalisées susceptibles de passer à l’acte, 20 000 personnes environ en France. Les moyens de surveiller en permanence les individus suspects ne dépassent pas quelques milliers. Cela veut dire qu’il faut 20 fonctionnaires en permanence pour surveiller quelqu’un 24h/24. On ne peut pas le faire. On n’a pas les moyens. Les cibles sont trop nombreuses. Il y a des sous-catégories de dangerosité. Pour les gens les moins dangereux, on fait des surveillances par sondages. Pendant plusieurs jours, on va s’intéresser à l’individu, regarder son activité sur les réseaux sociaux, surveiller son téléphone, éventuellement un peu de surveillance physique. Et puis on va faire une synthèse. On va regarder si de tout ce qu’on a observé durant quelques jours, on peut tirer des signaux forts ou faibles de passage à l’acte. Et là les analystes évaluent sur la base de ce qui a été observé, s’il faut monter l’individu d’une catégorie et passer à une surveillance plus permanente. Si loupé il y a, c’est un loupé sur l’analyse" conclut Thibault de Montbrial.
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