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​Raidissement général

RCF,  - Modifié le 21 novembre 2018
Chaque mercredi François Ernenwein vous propose son éditorial politique.
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Va-t-on vers la fin de la révolte des « gilets jaunes» ?

Pour l’instant, le gouvernement ne semble pas disposé à lâcher grand-chose face à la fronde des « gilets jaunes ».  Pour deux grandes raisons : la première, évidente, est qu’il considère que la fiscalité environnementale a un sens pour lutter contre le réchauffement climatique; la seconde, moins visible, est que les « gilets jaunes » constituent un électorat d’ores et déjà perdu pour le président de la République et la République en marche. Ils n’ont donc rien à attendre de ces populations aujourd’hui révoltées.

Ainsi, un fort sentiment de blocage l’emporte toujours quelques jours après le 17 novembre.  Chacune des parties tient son cap… Des « gilets jaunes » ont décidé de poursuivre des opérations sur les autoroutes et aussi dans des dépôts pétroliers. Mais avec une mobilisation beaucoup plus faible que celle de samedi dernier.

D’où vient cette obstination ?

Le fait que leur colère ait été entendue selon les termes du premier ministre dimanche soir n’a pas modéré l’ardeur de certains d’autant que premier ministre a indiqué que le gouvernement tiendra le « cap » qu’il s’est fixé.  Le mouvement a pris de l’ampleur à la Réunion où un couvre-feu partiel a été instauré dans la moitié des communes. Deux appels à «bloquer» Paris depuis la place de la Concorde samedi 24 novembre circulent  largement relayés.

La révolte est évidemment bien plus large que la seule protestation contre le prix des carburants. Si le mouvement a pu prendre cette ampleur, c’est parce qu’il se nourrit par des craintes profondes dans des pans entiers du territoire national et dans de nombreuses catégories sociales qui pensent faire les frais des réformes engagées. Les peurs du déclassement social, de perte de pouvoir d’achat ont nourri la contestation

La situation est donc bloquée ?

L’épreuve de force s’est poursuivie lundi et mardi autour de barrages que les forces de l’ordre ont eu pour consigne de dégager. Le ministre de l’Intérieur a dénoncé la « dérive totale » des manifestations. Cette spirale ne dessine pas nettement une issue. Elle peut même donner le sentiment d’une impasse dangereuse pour les « gilets jaunes », le pouvoir et les forces de l’ordre.
Des offres ont été pourtant formulées afin de renouer le fil du dialogue. Dès samedi,  le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, avait appelé Emmanuel Macron  à «réunir très rapidement» syndicats, patronat et associations «pour construire un pacte social de la conversion écologique ». Il s’est heurté à une fin  de non-recevoir nette et claire, formulée dimanche soir par Edouard Philippe. Mais Emmanuel Macron a affirmé mardi que « c’est dans le dialogue qu’on peut en sortir »

Va-t-il débuter ?

Le paysage ne pourra en effet rester éternellement figé. Afin de contenir les rancœurs, le gouvernement devra  évidemment réduire le fossé entre la vie dans les grandes métropoles et le reste du territoire (le périurbain, le monde rural…) qui se sent abandonnés par les  pouvoirs publics (fermetures d’hôpitaux, de dessertes de transport, désertification des centres-villes). Personne ne peut se satisfaire de l’installation de deux France séparées et de plus en plus antagoniques.

La fonction du pouvoir en général et du président de la République est de maintenir l’unité. Elle impose de rassurer ceux qui craignent pour leur avenir. Non pas en  cédant à des exigences souvent contradictoires – moins d’impôts et plus de services publics – portées par les « gilets jaunes » et certains mouvements extrémistes. Une solution existe : organiser en France  par de solides péréquations, un  partage beaucoup équitable de notre richesse nationale

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