Alpes-Maritimes
Chiffres du rapport, actions menées par le diocèse de Nice pour lutter contre les abus sexuels, formation des prêtres, changements à venir... Mgr Marceau accorde un entretien à RCF après le rapport de la CIASE.
Mgr Marceau parle du rapport Sauvé comme "un travail très fort et très sérieux mais aussi un coup de poing dans l'estomac". Il faut dire que la réalité est dure par les chiffres: 216 000 personnes ont été agressées sexuellement, mineurs, par des clercs, religieux ou religieuses en France depuis 1950. Ce chiffre grimpe à 330 000 avec les victimes de laïcs au sein de l'Église (établissements d’enseignement, mouvements de jeunesse).
Entretien.
Quelle est votre première réaction à ce rapport ?
Mgr A. Marceau: C'est une réaction de tremblement de terre. je n'imaginais pas que ça allait être à ce niveau là. L'ampleur me sidère. Ce n'est pas possible... et pourtant c'est possible. Je ne remets pas du tout en cause le travail d'implication de la commission Sauvé qui fait un gros travail. La personnalité de M. Sauvé garantissait l'indépendance. Un des enquêteurs est venu dans mon diocèse à Nice. Ce travail, je le reçois comme un travail très fort et très sérieux mais qui est un coup de poing dans l'estomac.
Elle était nécessaire cette introspection ?
Mgr A.M: Oui. Ces dernières années des personnes se sont manifestées. j'ai reçu des personnes, des gens de mon âge, pour donner leur témoignage, dire ce qu'ils ont vécu. Plus récemment, des témoignages de personnes jeunes. Pour moi c'était des moments d'écoute.
Aujourd'hui c'est ça (le rapport) qui fait réalité des remontées que l'on a eu. C'est un face à face avec cette réalité.
Vous avez reçu des victimes. Que fait le diocèse de Nice pour accompagner ?
Mgr A.M.: Dans le diocèse, depuis le début des années 2000, ce phénomène a été pris en compte. Des préconisations ont été faites par la Conférence des Evêques de France. Nous avons mis sur pied une cellule d'écoute. Nous avons eu des appels de personnes voulant rencontrer l'évêque. On peut mieux ensuite orienter la personne.
Vous appelez à parler (pour des témoins) ?
Mgr A.M.: Ah oui ! Très récemment j'ai eu une demande. J'ai orienté. Rentre en ligne de compte le côté judiciaire.
Il faut aller devant la justice ?
Mgr A.M.: C'est ce que nous disons. Mais quelque fois il y a des personnes qui ne le veulent pas. C'est là que c'est un peu difficile parfois. Moi j'ai fait plusieurs signalements au Procureur de la République une fois que l'on m'a donné des informations. C'est lui même qui apprécie et agit.
Comment doit-on adapter la formation des prêtres ?
Mgr A.M.: Chaque lieu ou il y a un séminaire, nous travaillons cela. Il y a un regard approfondi sur la personnalité des candidats. On va essayer de mieux la scruter dans les 6 à 7 années d'études. Ce lieu est aussi un lieu de regard. Il y a une incitation pour les séminaristes à être suivi par des psychologues, psychiatres. Soit parce que l'on repère certaines failles et dans ce cas c'est l'institution qui incite ou en disant aux jeunes qu'il est important d'avoir un suivi. De plus en plus il y a cette rigueur pour ouvrir à ce ministère de prêtre. Lorsque les relations sont faussées, on a des perversions qui arrivent, tôt ou tard.
Le mois de Novembre sera marqué par un travail des évêques sur le rapport...
Mgr A.M.: Il faut se saisir de la globalité de ce rapport. les préconisations... ce sera un travail de l'immédiat. Il ne faut pas oublier qu'en mars dernier, la CEF a fait une dizaine de préconisations. Aller plus loin, ce n'est pas à la fin de la séance de l'assemblée que l'on aura tout sur pied. Ce sera un travail à long terme mais sans lâcher prise pour que les choses ne restent pas là.
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