Ce mercredi, la conférence des évêques de Belgique a sorti son nouveau rapport sur les victimes d'abus au sein de l'Église. L'occasion de présenter des chiffres, en augmentation suite à la diffusion du documentaire "Godvergeten" en 2023. Les évêques demandent également aux gouvernements et parlements un nouveau cadre concret pour la gestion des abus à la suite des dernières commissions parlementaires.
Suite au documentaire "Godvergeten", Les oubliés de Dieu, une commission d'enquête avait été mise en place, remettant les abus au sein de l'Église, mais surtout les paroles des victimes au cœur des réflexions politiques dans toute la Belgique. L'occasion pour la conférence épiscopale de revenir sur les différents chiffres, accompagnements et actions concrètes réalisées lors de ces dernières années. Si les évêques comprennent une insatisfaction de la part de victimes, ils tempèrent en précisant qu'il ne s'agit que d'une infime minorité des 1314 victimes qui sont passées par le Centre d’arbitrage ou par un des points de contact mis en places. Pour les ecclésiastiques, le mécontentement des victimes est compréhensible, pour diverses raisons, comme les montants prévus par les commissions, une reconnaissance trop tardive des faits, après parfois plus de 70 ans, ou encore la confidentialité de la procédure qui aurait pu donner l'impression de silence sur les abus.
Une somme d’argent ne pourra jamais couvrir l'injustice faite aux victimes et à leurs familles.
Le rapport publié indique une augmentation significative des signalements, avec 218 signalements enregistrés entre le 1ᵉʳ juillet 2023 et le 30 juin 2024, contre 47 l'année précédente, un chiffre qui était déjà en nette augmentation. La majorité des plaintes concernent des faits remontant aux années 1950, 1960 et 1970, dont les victimes sont majoritairement des hommes (67%), et âgés de plus de 40 ans (84%). Le rapport met en lumière l'importance d'un "coup de pouce" aux victimes pour porter plainte, avec une corrélation entre une augmentation des signalements pour la partie francophone du pays avec des révélations médiatiques en France ces deux dernières années. Des compensations financières ont été versées en 2023 à 79 victimes (48%), avec des montants plus élevés que ceux accordés par le passé.
D'un point de vue des abuseurs, ce sont presque exclusivement des hommes (98%), principalement des prêtres ou des religieux, avec des faits qui se sont produits dans des écoles (48%) et des paroisses (20%).
Selon le rapport, la demande de radiation du registre des baptêmes de l'Église catholique en Belgique a connu une forte augmentation ces dernières années. En 2023, 14 251 personnes ont demandé à être radiées des registres de baptême de l'Église catholique en Belgique. Ce phénomène, observé essentiellement en Flandre et dans l'archidiocèse de Malines-Bruxelles, est attribué à plusieurs facteurs, notamment les scandales d'abus sexuels et la culture du silence au sein de l'Église, qui ont suscité un profond dégoût chez de nombreux fidèles. La simplification des démarches administratives pour demander la radiation du registre des baptêmes a pu également faciliter cette démarche pour certains.
Les commissions parlementaires ont formulé des recommandations pour lutter contre le fléau des abus. L'Église catholique en Belgique se dit prête à travailler sur ces recommandations, reconnait que la lutte contre les abus sexuels est une responsabilité partagée et nécessite une collaboration entre les différentes instances.
Les évêques insistent sur l'importance d'un cadre clair et précis pour encadrer les actions de prévention, de signalement et de prise en charge des victimes, ainsi que sur la nécessité d'un soutien adéquat aux victimes, tant sur le plan psychologique que juridique et financier. L'Église belge souhaite que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités en matière de prévention et de lutte contre les abus sexuels, notamment dans l'éducation et la formation.
Un nouveau plan d'action devrait être présenté durant l'automne.
Comment contacter le point d’information central pour plaintes pour abus sexuel ou comportement transgressif à l’égard de mineurs ou de personnes vulnérables dans une relation pastorale et/ou une antenne locale ?
Le point d'information central est joignable pendant les heures de bureau au 02 507 05 93 et via l'adresse e-mail info.abus@catho.be pour les francophones et info.misbruik@kerknet.be pour les néerlandophones.
Les antennes locales sont mentionnées ci-dessous et consultables sur Cathobel et sur Kerknet.
Ainsi que sur les adresses mails diocésaines aux adresses suivantes :
pointdecontactabus.malines-bruxelles@catho.be
pointdecontactabus.liege@catho.be
kontaktmissbrauch.luettich@catho.be
pointdecontactabus.namur@catho.be
pointdecontactabus.tournai@catho.be
pointdecontactabus.coreb@catho.be (pour les religieux francophones)
aanspreekpuntmisbruik.antwerpen@kerknet.be
aanspreekpuntmisbruik.brugge@kerknet.be
aanspreekpuntmisbruik.gent@kerknet.be
aanspreekpuntmisbruik.hasselt@kerknet.be
aanspreekpuntmisbruik.mechelen-brussel@kerknet.be
aanspreekpuntmisbruik.urv@kerknet.be (pour les religieux néerlandophones)
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !