L’ONG Amnesty International fait état de dizaines de personnes arrêtées. La situation est donc tendue en RDC après les violences de ces derniers jours. "Les événements de lundi étaient particulièrement graves depuis les dernières manifestations qui remontaient au mois d’avril. C’est la première fois que l’on voit une si importante mobilisation à travers tout le pays mais également une réponse brutale des forces de sécurité et des autorités. Ces dernières ont dans un premier temps interdit les manifestations sans aucune raison légalement valable. Et lorsque les manifestants sont descendus malgré tout dans la rue, les forces de l’ordre ont répondu par la violence et la force" explique Jean-Mobert N’Senga, chercheur sur la RDC pour Amnesty International.
Il faut rappeler que la situation politique de RDC est délicate. Joseph Kabila s’accroche au pouvoir. Il est question depuis le mois de décembre dernier d’organiser des élections. Elles pourraient avoir lieu d’ici la fin de l’année. Mais à l’heure actuelle, rien n’est arrêté. "Les élections générales auraient du se tenir depuis l’an dernier. D’après l’opposition et la communauté internationale, le président Kabila a tout fait pour empêcher la tenue du scrutin. La Constitution ne lui permet pas de briguer un troisième mandat. Il est au pouvoir depuis 2001. Son dernier mandat s’est achevé en décembre dernier" ajoute ce spécialiste de la RDC.
Pour se maintenir au pouvoir, le président Kabila n’a même pas pris la peine de modifier la Constitution. "Il y a eu des tentatives. Déjà en 2011, il avait réussi à modifier la Constitution pour faire passer la présidentielle de deux tours à un seul tour, ce qui lui a permis de remporter les élections de manière très controversée cette année-là. Par la suite il a essayé de réviser la Constitution pour obtenir un troisième mandat, ce qui a échoué" précise Jean-Mobert N’Senga qui ajoute que la stratégie du président Kabila est celle du pourrissement. Ainsi, sans élections, les institutions, et Kabila, se maintiennent au pouvoir.
Face à cela, l’opposition appelle à se mobiliser. "En République Démocratique du Congo, l’opposition est très hétéroclite. Il y a plusieurs partis. L’une des stratégies du pouvoir a été de diviser les opposants en achetant certains d’entre eux, en les débauchant, ou bien en dédoublant certains partis d’opposition pour les fragiliser et les discréditer aux yeux de l’opinion" rappelle l'expert d'Amnesty International.
Cet expert conclut en affirmant que la communauté internationale peut jouer un rôle, et notamment la région, les Etats d’Afrique australe, afin de convaincre le président Kabila de quitter le pouvoir. Cette instabilité politique en RDC, si elle continue, pourrait avoir des conséquences à plusieurs niveaux sur toute cette région du continent africain.
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