Emeline Pettex est chercheuse en écologie marine à l’Université de La Rochelle et spécialiste des prédateurs marins. Elle a été sélectionnée pour participer au programme Homeward Bound, destiné à favoriser le travail des scientifiques féminines, contre le réchauffement climatique. Dans ce cadre, elle partira prochainement aux côtés d’une petite centaine de femmes, pour une expédition scientifique en Antarctique.
"L’idée de ce programme est relativement récente. La première cohorte est partie en 2016. Sa fondatrice est australienne, et spécialiste du leadership. Elle n’est pas impliquée sur des questions scientifiques. Mais elle s’inquiétait pour le climat, et en tant que spécialiste du leadership, elle s’est rendue compte des modèles dominants dans le monde. Le constat qu’elle fait est que les femmes ne sont pas assez représentées dans les instances qui décident de l’avenir de la planète. D’où l’idée de former des leaders féminins" explique-t-elle.
Le rapport du GIEC publié vendredi dernier ne fait pas état des conséquences à venir du réchauffement climatique sur les océans, mais plutôt comment il imprime déjà sa marque. "Quand j’ai hiverné à Kerguelen en 2002, on s’est rendu compte qu’il y avait déjà un changement du régime des pluies, associé à la prédation des espèces, on a réalisé un phénomène de désertification" lance Emeline Pettex. Un exemple qui selon elle, illustre bien les conclusions du dernier rapport du Giec.
"Les océans et l’atmosphère échangent en permanence de l’énergie, des molécules gazeuses. Les océans reçoivent une grande quantité d’énergie liée au rayonnement solaire. Normalement, une bonne partie de ces rayonnements repart dans l’atmosphère. Mais depuis que l’on utilise des combustions fossiles pour nos usages industriels, la libération de gaz à effet de serre forme un couvercle qui empêche de relarguer cette énergie, qui entraîne une augmentation de la température de l’eau. D’où une élévation du niveau des mers" précise la scientifique.
"C’est très anxiogène. Tout le monde se sent dépassé. Mais on a encore une fenêtre de tir, un moment d’action relativement court. Les choses bougent. On n’a jamais autant parlé d’écologie et d’environnement au quotidien. On a vu des millions de personnes marcher dans les rues partout sur la planète. Il faut vraiment se dire que l’on est à un moment critique. On est au pied du mur, et on ne connaît pas vraiment la hauteur de ce mur" conclut Emeline Pettex.
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