Réconciliation, quel très beau mot, constructif ! Il s’agit certes, d’abord, pour tout un chacun aujourd’hui, d’un mot synonyme de l’harmonie retrouvée entre deux personnes qui se sont fachées, deux entités, Alain Delon et le Festival de Cannes par exemple, ensuite, plus historiquement, il s’agit aussi d’un mot à tonalité religieuse, et en fait, il a aussi été adopté pour les réconciliations politiques.
Et l’une des plus importantes reste la réconciliation entre l’Allemagne et la France après la Seconde Guerre Mondiale qui fut à la base de l’Europe. La réconciliation est parfois fertile pour de grands projets. Le mot réconciliation méritait donc à trois titres distincts une radiographie étymologique.
En effet mais alors que le mot réconciliation est entré en langue française au XIIIe siècle avec un sens religieux, le verbe concilier n’y pénètre qu’en 1549, issu du latin conciliare. Les deux mots se rattachent à la famille latine de clarus, "éclatant, clair pour l’ouïe et la vue". De fait, en latin, conciliare a signifié "unir, ménager par les sentiments, rendre bienveillant", pendant que reconcilatio, relevant du latin chrétien, en entrant en français au XIIIe siècle a d’abord pour sens l’acte par lequel Jésus-Christ réconcilie les hommes avec Dieu.
Le mot prendra alors d’autres sens dans la religion catholique, devenant aussi l’acte solennel par lequel un hérétique rejoint l’Église en étant absous des censures qu’il avait encourues, c’est aussi l’acte par lequel un pécheur se réconcilie avec Dieu, avec l’Église. La réconciliation représente aussi la cérémonie au cours de laquelle un lieu saint profané, un autel, un cimetière, une église, est béni de nouveau.
Il y a évidemment aussi la réconciliation entre des époux, la formule datant de 1803. Ajoutons-y une expression plaisante, la réconciliation normande, le fait pour deux époux en instance de séparation de reprendre la vie en commune. Peut-être bien que oui, peut-être bien que non...
Il faut de fait attendre 1831 pour que le mot réconciliation puisse aussi signifier l’oubli volontaire des querelles politiques. Dans la religion on évoquait le baiser de la paix, il existe aussi à sa façon entre des belligérants comme l’ont été la France et l’Allemagne. Et pourquoi pas si le Brexit était abandonné, une réconciliation à la normande, ou plutôt une réconciliation anglaise... mais pas "à l’anglaise", à cause de l’expression "filer à l’anglaise" !
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