Le constat est sans appel : tous les voyants sont au rouge et le virus circule trop vite sur le territoire. Le gouvernement ne veut donc pas attendre de voir si le couvre-feu porte ses fruits. Les médecins ont tous des positions différentes sur la question du reconfinement.
Une grande partie des épidémiologistes est d’accord pour dire que la meilleure solution serait un reconfinement total, car c’est la solution la plus efficace. Au bout de trois semaines de confinement, le nombre des entrées en réanimation baisse de 40% par semaine. Problème : cette option est difficilement acceptable par les Français et elle n’est pas sans conséquences économiques.
Dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche, l’épidémiologiste Philippe Amouyel, spécialiste en santé publique au CHU de Lille, propose avec Luc Dauchet un confinement "écocompatible". On garde les écoles ouvertes, l’enseignement supérieur se fait en distanciel, on maintient les transports en commun, mais en repensant les horaires pour éviter les heures de pointe et on étend le télétravail. "Il faut voir les sources de contamination. Pour stopper les cas symptomatiques, il faut faire des tests rapides, antigéniques", explique-t-il.
Certains médecins proposent de ne reconfiner que les personnes vulnérables. C’est l’idée, par exemple, défendue par Martin Blachier, médecin de santé publique et épidémiologiste. Il parle de "confinement solidaire". "Je suis pour maintenir la vie des plus jeunes et une protection de la population plus vulnérable", affirme-t-il.
Face à l’afflux des contaminations partout en Europe, Yves Coppieters, de l’université libre de Bruxelles, appelle la population à "s’auto-confiner" et à limiter ses déplacements au strict nécessaire pendant un mois, sans attendre les décisions des pouvoirs publics. "On n'est pas sûr que les politiques publiques soient suffisantes donc il faut faire passer un message d'autoresponsabilité", explique-t-il. Yves Coppieters souhaite également que le télétravail soit rendu obligatoire pour toutes les entreprises qui peuvent le mettre en place.
On assiste depuis plusieurs semaines à une défiance de plus en plus grande des Français à l’égard du gouvernement et des mesures choisies pour faire face à cette seconde vague. Il faut dire que les annonces successives, les divisions au sein de la communauté médicale, ne sont pas de nature à rassurer les Français. Pour Anne Sénéquier, co-directrice de l’observatoire de la santé à l'Institut des relations internationales et stratégiques, il manque une parole claire. "C'est pas un débat, il y a une vérité scientifique. On a pu donner des paroles à des théories du complot. Cette dissonance du discours fait que les non-initiés n'ont pas les outils pour discerner ce qui est vrai", regrette-t-elle.
Il reste désormais à savoir l’option qui sera choisie par Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat s’exprimera ce mercredi à 20h, après le second conseil de défense.
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