Jeudi 19 janvier 2023, la manifestation contre la réforme des retraites a rassemblé 15 000 personnes à Angers selon les syndicats, 11 000 d'après la préfecture. Femme de ménage, infirmière, fraiseur... tous se disent incapables de travailler un ou deux ans de plus avant la retraite.
Jeudi 19 janvier 2023, c’était la première journée de grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites, à l’appel de l’ensemble des syndicats de salariés, tous opposés au recul de l’âge légal de départ en retraite à 64 ans. En Maine-et-Loire, les cortèges ont rassemblé 20 000 manifestants selon les syndicats, 17 000 selon les chiffres de la préfecture.
D’après elle, ils étaient 600 à défiler à Segré le matin, 2 500 à Saumur, 3 100 à Cholet. L'après-midi, le cortège a rassemblé 11 000 manifestants dans le centre-ville d’Angers d’après les chiffres de la police. Ils étaient 15 000 d'après le comptage des syndicats.
Adeline est venue marcher contre la réforme des retraites. Elle fait le ménage dans un collège d’Angers. Elle a commencé à travailler à 18 ans, et à 42 ans, elle est déjà usée. Elle ne se voit donc pas travailler deux ans de plus.
"Nous avons un travail très physique, avec des tâches qui sont quand même fatigantes, on travaille très tôt le matin, et savoir qu'on va être amenées à travailler jusqu'à 64 ans, ça nous fait peur, confie-t-elle. On est déjà fatiguées, usées physiquement, et ce sera compliqué si on doit travailler encore plus tard."
Céline, 29 ans, arbore la blouse verte qu'elle porte tous les jours au bloc opératoire. Infirmière au CHU d'Angers, elle travaille depuis sept ans. "C'est de plus en plus compliqué, donc je ne me vois pas travailler deux ans de plus, confie-t-elle. Physiquement et mentalement, je pense que ce n'est pas possible."
"En plus, on nous impose beaucoup de restrictions budgétaires qui nous empêchent de faire notre métier correctement, donc on ne va pas pouvoir le faire aussi tard", ajoute-t-elle, brandissant une pancarte avec ces mots : "L'argent des évadés fiscaux aux hôpitaux".
"Si on recule encore l’âge de la retraite, les pots de départ risquent de changer", annonce une autre pancarte avec la photo d’une urne funéraire. C’est celle de Nadège, Atsem (Agente territoriale spécialisée des écoles maternelles) à Angers. Elle a 59 ans et ne veut pas travailler jusqu’à 63 ans.
"C'est difficile de travailler avec des petits, justifie-t-elle. C'est très agréable mais physiquement, c'est fatigant. Donc faire un an, deux ans, trois ans de plus, jusqu'où ça va aller ? Moi, à un moment, j'ai aussi envie de profiter de ma retraite. J'ai déjà des douleurs, et je n'ai pas envie de finir dans une boîte à peine arrivée à la retraite. Je pense qu'à un moment, il faut savoir s'arrêter."
Son mari Bruno brandit une pancarte avec la photo d’un cercueil, accompagnée de ces mots : "Allongement du temps de travail, la nouvelle caisse de retraite est déjà prête !". Conducteur de travaux, Bruno travaille depuis qu’il a 16 ans, alors à 60 ans, il ne se voit pas faire plus.
"Il y a de plus en plus de stress dans tous les métiers, de plus en plus d'agressions, donc tout ça, ça use la santé, estime-t-il. Quand on a cotisé 40 ans, c'est déjà beaucoup, donc la retraite, c'est maintenant, pas dans une boîte en bois cinq pieds sous terre. La retraite, c'est le plus tôt possible, et en forme pour en profiter !"
Didier, 54 ans, est fraiseur. Il devait s’arrêter à 61 ans. Pour lui, c’est hors de question de travailler un an de plus. "J'ai un métier assez pénible, je travaille sur des machines, je porte des charges lourdes, je me déplace pas mal, énumère-t-il. J'ai déjà de l'arthrose et des problèmes de dos. J'ai commencé à 19 ans donc c'est bon, place aux jeunes !"
Isabelle, 58 ans, est enseignante en maternelle. Elle ne se voit pas aller au-delà de 62 ans. "Quand on a la soixantaine, on est en décalage avec des enfants très jeunes, estime-t-elle, et je pense qu'il y a vraiment une fatigue liée au bruit, et à l'énergie des enfants tout simplement."
Professeure en lycée professionnel, Valérie a aussi du mal à se projeter. "La retraite à 64 ans, ça me paraît un peu loin, confie-t-elle. Il faut quand même tenir les classes, avec des élèves plus en difficulté, qu'il faut canaliser régulièrement, donc ça demande beaucoup d'énergie." Les syndicats appellent à une deuxième journée de mobilisation mardi 31 janvier.
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