Les chrétiens sont invités à prendre soin de la création, c'est le message de l'encyclique du pape François, Laudato Si'. À l'heure de la crise écologique, comment comprendre les récits de la création de l'Ancien Testament ? Fabien Revol, auteur en mai 2017 de 'La réception de l'encyclique Laudato si' dans la militance écologiste' (éd. Cerf) et plus récemment de 'Devenir acteur de l'écologie intégrale' (éd. Peuple Libre).
LAUDATO SI', L'ENCYCLIQUE DU PAPE FRANÇOIS - Publiée le 18 juin 2015, l'encyclique du pape François sur l'écologie a fait grand bruit. Si avant lui Benoît XVI et Jean Paul II avaient abordé la question, c'est la première fois qu'un souverain pontife publie une encyclique dédiée à l'écologie.
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Dans la Bible, il n'y a pas que la Genèse pour nous aider à penser la place de l'homme dans la création. Les Psaumes, le livre d'Isaïe ou encore les Épîtres de Paul peuvent nous inspirer. Mais parce que la Genèse parle des origines du monde et de l'homme, rappelle Fabien Revol, on y trouve 'des représentations de la création, des images, qui vont pétrir nos comportements, donner sens et cohérence à notre position d'être humain dans l'environnement naturel'. La Genèse nous aide à nous positionner en tant que gardiens de la création.
'La situation que nous vivons aujourd'hui illustre parfaitement selon moi ce qui se joue au chapitre 3 du Livre de la Genèse.' Ou comment l''être humain a fait le choix délibéré de ne pas rester fidèle au commandement de Dieu.
Dans le premier des livres de la Bible en effet, de 'Au commencent, Dieu créa le ciel et la terre' (Gn, 1, 1)* à 'Telle fut l’origine du ciel et de la terre lorsqu’ils furent créés. Lorsque le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel' (Gn 2, 4)*, on lit comment Dieu par sa parole ordonne le chaos et 'crée les choses les unes après les autres, chacunes à leur place', comme l'explique Fabien Revol. Or, c'est cet ordre là que l'homme refuse en désobéissant à Dieu. 'Le rapport que nous avons avec la création aujourd'hui découle de cette attitude de refus de notre place et de nos limites.'
La Genèse parle de domination (aux chapitres 1 et 2) et de limites (chapitres 2 et 3). Pourquoi donc les accuse-t-on parfois d'être à l'origine de la crise environnementale, ou en tout cas d'un rapport biaisé vis-à-vis de la nature ? Pour Fabien Revol, il est nécessaire de 'distinguer ce qui relève du cœur de la foi et des pratiques chrétiennes'. Ainsi, pour lui : 'On ne peut pas accuser le christianisme en tant que révélation d'être à l'origine de la crise écologique, mais on peut pointer du doigt des comportements de chrétiens, qui, au nom d'une certaine compréhension de leur foi, on traité la création comme un objet de consommation.'
Les textes de la Genèse, il ne faut pas en faire une lecture littérale. Ce dont il est question ici c'est 'du rapport de Dieu avec le monde qu'il a créé et avec l'être humain'. Des textes écrits vers 400 av. J.-C., alors que le monde monothéiste juif faisait la découverte de la culture babylonienne, 'une culture scientifique de l'époque'. Pour le théologien, il on peut donc dire que la Genèse est 'un essai de dialogue entre science et religion'.
*Source: AELF
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