Repas, d'abord les animaux puis les hommes !

On considère dans les pays qui ont la chance de ne pas être pauvres que l’on fait en moyenne deux repas par jour, et c’est donc un mot quotidien. Pourtant à brûle-pourpoint, si on demande : « mais d’où vient ce mot », en général, on ne sait trop que répondre. Eh ce matin l’enquête porte donc sur ce mot.

Il faut repérer la racine latine pascere, paître, mener paître les bêtes, nourrir », et son participe passé pastus. Étymologiquement le repas doit nous faire penser en réalité aux vaches qu’on emmène paître, et au verbe se repaître. Et c’est ainsi, que pasteur, pâtre, appâter, pâturage, repus, font partie de la même famille étymologique. Et même le verbe empêtrer, qui correspondait proprement au fait de mettre une entrave au bétail en pâture, pour l’empêcher de partir. À partir de pastus, nourriture des animaux, est née aussi tardivement l’idée de nourriture pour l’homme. En parallèle à repaître, est en effet venu en 1160 en français le repast qui désigna la nourriture en général. puis en 1350, la nourriture des animaux, et enfin attesté chez Rabelais en 1534, la nourriture que l’être humain prend à des heures fixes.

Dans le verbe et aussi le substantif « déjeuner », on entend clairement le fait de « rompre » le « jeûne », le jeûne qui s’est installé la nuit, pendant que l’on dort. Le mot « déjeuner » vient en fait du latin populaire disjunare. Ce qui est curieux, c’est que de cette racine est issu aussi le mot  « dîner »,. C’est pour cela qu’au Québec, mais aussi souvent en Suisse et Belgique, ou encore au Congo, tout comme en France autrefois, on pouvait « dîner » à midi.

Ce n’est que tardivement qu’on a dissocié le « déjeuner »pris vers midi, après le « petit déjeuner », et le dîner le soir. Attention à ne pas venir à 19 h si au Québec vous êtes invité à « dîner ». Enfin, pour le repas, nos dictionnaires, offrent force adjectifs plaisants : repas complet, copieux, exquis, plantureux, mais il y a aussi léger - là le régime point son nez -  et puis le repas maigre. Bon, souhaitons à tout le monde des repas de fête, Et donc des repas où on repasserles plats. Arrière le jeûne forcé !