Le loup gris, symbole de la nature sauvage, suscite autant de curiosité que de craintes. Dans la région Centre-Val de Loire, sa présence a récemment été confirmée par des observations et des attaques dans le Loiret. Si cet animal est protégé, il reste sous surveillance. Que signifie son retour pour les écosystèmes et les activités humaines ? Paul Hurel, animateur du réseau Loup à l’Office français de la biodiversité (OFB) du Centre-Val-de-Loire apporte des éclairages précieux sur RCF Loiret.
Fin décembre 2024, un loup gris a été observé en Eure-et-Loir, suivi de deux attaques confirmées dans l’est du Loiret, à Dammarie-en-Puisaye et Corquilleroy. Ces incidents marquent une étape notable dans le suivi de l’espèce. « Aujourd’hui, on sait qu’au minimum un loup a été observé dans ces différents événements. Mais on ne peut pas dire s’il s’agit du même ou non », explique Paul Hurel, animateur du réseau Loup à l’Office français de la biodiversité (OFB) du Centre-Val-de-Loire.
Notre région riche en forêts et en proies potentielles, offre un habitat favorable. Toutefois, Paul Hurel reste prudent : « Pour l’instant, les événements qui nous ont été remontés sont ponctuels. Nous n’observons pas encore de phénomène de territorialisation. » Contrairement à d’autres régions comme la Normandie ou la Bretagne, où des individus montrent une certaine sédentarité, le loup reste ici un visiteur.
Les deux attaques sur des troupeaux dans le Loiret rappellent que la cohabitation entre loups et éleveurs n’est pas toujours simple. Six brebis ont été tuées, mais Paul Hurel souligne qu’« il est impossible d’exclure de nouvelles attaques. » L’espèce, protégée par des directives européennes, fait l’objet d’un plan national d’action.
Les prédateurs comme le loup sont opportunistes : « Ils prélèvent divers types de proies, du lapin au grand cerf, selon ce qui est énergétiquement rentable », précise-t-il. Si les craintes sont compréhensibles, elles relèvent aussi d’un rapport très personnel à cet animal mythique. Des mesures préventives comme les chiens de protection ou les clôtures électrifiées peuvent aider à limiter les préjudices.
Pour confirmer ou infirmer une prédation de loup, l’OFB examine minutieusement les scènes d’attaque. « Nous analysons les morsures, leur diamètre, les perforations et les traces de consommation », décrit Paul Hurel. Dans le cas des brebis du Loiret, les éléments relevés étaient typiques du loup, excluant la responsabilité d’un chien.
Les agents du réseau Loup, une cinquantaine dans la région, dépendent beaucoup des signalements de la population. « Les personnes qui pensent avoir vu un loup ou des indices doivent contacter l’OFB, soit par téléphone, soit via le site internet du réseau Loup », insiste-t-il. Les analyses génétiques, réalisées sur des crottes, poils ou autres traces biologiques, complètent le dispositif.
Depuis les années 1990, le loup a réintégré la France après une longue absence, arrivant initialement d’Italie. Aujourd’hui, on estime environ un millier d’individus sur le territoire national. « Ces animaux vivent en meute avec un couple alpha, des subadultes et des louveteaux. Chaque année, à l’automne ou au printemps, des jeunes quittent leur groupe pour chercher de nouveaux territoires », explique Paul Hurel.
Ces dispersions, imprévisibles, permettent à des loups de parcourir des centaines, voire des milliers de kilomètres. Des individus identifiés en France ont été détectés génétiquement en Allemagne ou aux Pays-Bas. « Nous retrouvons en France des loups de lignée italo-alpine et germano-polonaise », ajoute-t-il.
La présence du loup contribue à réguler les populations d’herbivores sauvages et à maintenir des écosystèmes équilibrés. Toutefois, ce retour n’est pas sans défis pour les activités humaines, notamment l’élevage. Si le Centre-Val de Loire reste un terrain d’observation, la gestion de cet animal protégé nécessitera un dialogue constant entre écologistes, éleveurs et pouvoirs publics.
L’histoire du loup en France est celle d’une résilience à travers les siècles. Emblème de la faune sauvage, il continue de diviser et de fasciner, rappelant la nécessité d’un équilibre entre l’homme et la nature.
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