La Conférence des Evêques de France a invité au Collège des Bernardins, à Paris, le président de la République, à venir prendre la parole devant près de 400 personnalités du monde catholique français. Une prise de parole qui n'est pas passée inaperçue.
C'est une véritable première. L'Eglise Catholique était la seule à ce jour à ne pas avoir d'occasion spécifique d'entendre le président de la République s'adresser directement à elle. Rien qu'avec Emmanuel Macron, la communauté protestante a eu les 500 ans de la Réforme, la communauté musulmane la rupture du jeûne, pendant que la communauté juive le reçoit tous les ans à l'occasion du repas du CRIF.
Le choix du lieu n'était également pas anodin. Le Collège des Bernardins, ouvert par l'ancien archevêque de Paris, le cardinal Lustiger, a été inaugré pour devenir un véritable lieu de rencontre entre l'Eglise et la société. Un endroit privilégié pour recevoir le chef de l'Etat.
Mais l'événement a surtout attiré les projecteurs car les sujets de désaccords et de tensions entre les convictions du monde catholique et l'action de l'Etat sont nombreux dans l'actualité : les questions de bioéthique, l'aide aux fragilisés ou bien encore l'accueil des migrants. C'est pourquoi cette soirée était placée sous le signe de la fragilité. Un mot d'ordre défendu particulièrement par Mgr Georges Pontier, le président de la Conférence des Evêques de France dans son discours.
Le risque est grand, a rappelé l'archevêque de Marseille, de ne pas entendre la parole portée par l'Eglise. Rappelant très clairement toutes les positions de l'institution sur les sujets de société et d'entraide, Mgr Pontier en a rappelé la nécessité d'agir ensemble. Un message auquel Emmanuel Macron a répondu par un discours d'une heure que l'on pourrait comparer à une déclaration d'amour républicaine à l'Eglise de France.
Le chef de l'Etat a particulièrement insisté sur ce que le pays doit aux engagements des catholiques tout au long des siècles, reconnaissant également dans l'Eglise catholique un rôle de partenaire de respect et de dialogue. Cependant, le Président de la république a aussi lancé un appel. Celui pour les catholiques de s'engager politiquement.
Côté engagement, les catholiques et les chrétiens plus largement, sont très actifs aux différents échelons de la société. C'est ainsi pour le président un encouragement à aller plus loin, en particulier en politique. Enfin derrière la liberté, troisième volet de cet appel, Emmanuel Macron a défendu aussi bien la liberté d'être intempestive, que la liberté de parole et celle, spirituelle, de pouvoir garantir à chaque citoyen de croire ou non , pleinement.
Le discours du président de la République a suscité de vives réactions. Perçu de manière positive par les convives de la soirée, il a cependant été critiqué par les acteurs du monde social et caritatif. Ces derniers portent en effet un regard plus critique sur certains pans du discours macronien, percevant comme une fin de non-recevoir à faire évoluer les positions de l'Etat sur les sujets sensibles. Même sentiment du côté de Tugdual Derville, le délégué général d'Alliance Vita lorsqu'il entend le président dire que l'Eglise ne peut avoir une voix injonctive.
Sur le plan politique enfin, les réactions les plus virulentes se sont fait entendre à la gauche de la gauche à l’instar du chef des Insoumis. Pour Jean-Luc Mélenchon, le chef de l’Etat "a défiguré encore une fois la nature laïque de la République telle que fixée par la loi de 1905".
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