Ce déploiement militaire annuel est l’un des plus importants en Europe pour les forces américaines depuis la fin de la guerre froide. Il est surtout destiné à rassurer les Etats de l’Europe de l’Est, inquiets du renforcement militaire russe du côté de leurs frontières depuis l’annexion par Moscou de la Crimée en 2014 et le conflit ukrainien.
"Oui on peut parler de rapport de force. Il faut souligner que tant les pays baltes que la Pologne voient d’un très mauvais œil ce qui s’est passé en Ukraine et qui continue d’ailleurs autour du Dombass. Face à la présence militaire russe, l’OTAN, par ces exercices, contribue à la défense de l’Europe de l’Est, très attachée à la liberté qu’elle a obtenue il y a une vingtaine d’années, après la chute du mur de Berlin" explique Colonel Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue La Défense Nationale.
"Oui et non. On sait que le dialogue est présent entre la Russie et les Etats-Unis. Néanmoins on voit bien que sur le plan militaire, la Russie fait un effort extrêmement important depuis plusieurs années. Cela inquiète. Et il était légitime que l’OTAN prenne en compte cette inquiétude pour ses membres qui sont situés à la frontière avec la Russie" ajoute le colonel Pellistrandi.
"Il faut souligner que dans le paysage des relations internationales aujourd’hui, le retour du rapport de force est devenu une réalité. Il y a la Russie mais il y a aussi la Chine. Et l’on voit bien que des pays comme la Suède, neutres d’un point de vue diplomatique, s’inquiètent. Dans un contexte où c’est le rapport de force qui compte, il était nécessaire pour l’Europe et l’OTAN de rattraper ce que l’on appelle les dividendes de la paix, et de pouvoir mieux assurer la défense. Dans ce cas, le dialogue devient possible avec Moscou" précise-t-il encore.
"Plus on accumule les armements, plus les risques sont réels. Il n’en demeure pas moins que la Russie, sur le plan de sa culture stratégique, a toujours été marquée par le fait d’avoir un rapport de force favorable. Et donc sur le plan militaire, ce rapport de force était devenu très défavorable aux Européens. Et il était urgent de faire un effort pour dire aux Russes que nous sommes prêts à nous défendre, mais nous sommes bien entendu toujours ouverts au dialogue" conclut le colonel Pellistrandi.
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