L’objectif de cette opération Sangaris était de désarmer les milices Seleka et anti-Balaka. "Hélas, on ne peut pas dire que l’objectif ait été rempli. On ne peut pas non plus dire que Sangaris était inutile car on sait que les élections législatives et présidentielles ont pu se tenir, les institutions commencent à se reconstruire, les massacres ont cessé dans Bangui. Pour autant, le climat est toujours tendu dans le pays. La situation est volatile" explique le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’Ecole de Guerre.
Pour cet expert, les tensions peuvent exploser à nouveau, il est donc malsain d’en finir avec Sangaris, précise-t-il. De quoi se poser la question d’un tel retrait des troupes françaises. "Ce retrait a lieu simplement parce que la France n’est plus capable de conduire toutes les opérations dans lesquelles elle s’est lancée. On ferme Sangaris car on a besoin des soldats pour monter l’opération Sentinelle, en France, qui par ailleurs est inutile" lance le général Desportes.
Ce dernier se montre par ailleurs très critique envers l’opération Sentinelle, qui vise à renforcer le maintien de l’ordre en France, contre le terrorisme. "Elle est inutile. Bien sûr elle a l’avantage de rassurer un peu les Français. On sait bien que ce n’est pas la garde statique devant les bâtiments qui évitera les attentats. Le principe même des attentats est de contourner les gardes fixes, cette opération ne va donc pas les empêcher" précise-t-il.
La fin de l’opération Sangaris ne permettra cependant pas de renforcer la présence et l’action de l’armée française dans la bande sahélio-saharienne, dans le cadre de l’opération Barkhane. "L’armée française est deux à trois fois plus engagée que ses effectifs ne le permettent. Le retrait de Sangaris va simplement redonner un peu d’air aux troupes qui tournent beaucoup trop vite" assure-t-il.
Les armées françaises sont donc surexploitées, et sous équipées, selon le général Desportes. Ce dernier préconise de renforcer les moyens de la Défense, à 2 % du PIB, ce qui impliquerait d’y consacrer, explique-t-il, entre 7 et 8 milliards d’euros chaque année. "A droite et à gauche, tout le monde est d’accord sur ce point, le prochain président devra avoir le courage de trouver cet argent nécessaire à la reconstruction des armées" conclut-il.
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