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​Scandales sexuels dans l’Eglise: "il faut tout revisiter avec les victimes" estime Véronique Margron

RCF,  - Modifié le 28 juin 2021
L'Invité de la Matinale​Scandales sexuels dans l’Eglise: il faut tout revisiter avec les victimes estime Véronique Margron
Après les révélations de scandales portant sur des abus sexuels dans l’Eglise, certaines personnalités religieuses haussent le ton. C’est le cas de Véronique Margron.
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Un moment de vérité

Véronique Margron fait partie des rares femmes qui comptent dans l’Eglise catholique aujourd’hui. Après des années d’écoute auprès de personnes en souffrance, cette théologienne engagée, spécialiste de morale, lance aujourd’hui un cri de colère, de tristesse, mais aussi d’espérance après les scandales sexuels à répétition au sein de l’institution religieuse.

Présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), Véronique Margron est également l’une des éditorialistes de la Matinale RCF. Il y a quelques jours, elle publiait chez Albin Michel son dernier ouvrage, écrit avec le journaliste Jérôme Cordelier, "Un moment de vérité". Un livre qui fut l’occasion pour cette religieuse d’aller à la rencontre des catholiques pour parler, écouter, changer, sur les drames qui secouent actuellement la barque de l’Eglise catholique.
 

Une crise qui touche au coeur

"Les gens, qui ne sont pas tous catholiques, ont besoin d’échanger, de comprendre, et d’avoir le sentiment qu’ils ne sont pas seuls face à cette crise" explique celle qui effectue une sorte de tour de France, dans un cycle de conférences qui ne désemplissent pas. "Ils disent merci d’essayer d’avoir une parole, et de rendre possible un échange, une réflexion sur ces choses si impensables il y a peu de temps, et si grave. On sent de la tristesse, du chagrin, de la colère, de l’exaspération, du doute aussi. Ils ne savent plus comment rester, ni comment s’engager, même pour des personnes très attachées à l’Eglise et à la foi" ajoute-t-elle.

Pour Véronique Margron, l’Eglise traverse actuellement une grave crise de confiance. "Elle touche au cœur, elle touche la confiance, et l’Eglise ne peut vivre que par la confiance car elle ne vit que par un échange de parole. Touchant la confiance, cette crise touche au plus intime, au plus vulnérable, qui est pour nous l’enfant. C’est très grave" lance-t-elle. "Je comprends bien que des personnes se sentent flouées, fatiguées, et qu’elles se sentent trahies. On ne peut que comprendre ce sentiment, et espérer qu’on pourra trouver des chemins en Eglise qui feront qu’ils reviendront" analyse-t-elle.
 

Tout revoir avec les victimes

Face à ces scandales, Véronique Margron rappelle que "l’Eglise n’est là que pour être au service du Christ, au service de son témoignage, de son annonce, et un Christ venu pour les plus vulnérables. C’est pour cela que la crise est si grave. Elle est une sorte de trahison du message évangélique. Je ne crois pas en l’Eglise à cause des prêtres, y compris les meilleurs. Ils ne sont pas l’objet de ma foi". Un message que cette religieuse avait déjà lancé dans l’un de ses éditos sur RCF.

La présidente de la Corref rappelle que cette crise qui touche l’Eglise est systémique. "Elle nous a montré que le silence, qui est une vertu si importante dans la foi, a été la pire des choses car il aura couvert des crimes, que le secret qui est important dans notre vie personnelle, intime, dans nos rapports avec les médecins, aura été un tragique secret, un secret honteux pour couvrir des crimes. Je ne sais s’il faut tout reprendre, en tout cas il faut tout revisiter, et en particulier dans un travail conjoint avec des personnes victimes. Elles seules savent le choc provoqué" plaide-t-elle.
 

La place des femmes dans l'Eglise

Cette refondation de l’Eglise ne se fera donc pas sans les victimes, mais également pas sans les femmes. "Il y a un problème de fond. Alors même qu’il y a beaucoup de femmes en responsabilité dans l’Eglise, quand on écoute les médias, et quand on s’écoute soi-même, on a le sentiment que cette Eglise est gouvernée par des hommes célibataires à tous les étages. Il y a donc comme une sorte de plafond de verre. L’Eglise a besoin de pluralité" conclut Véronique Margron.

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