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Sécheresse : comment les agriculteurs font face aux restrictions d'eau

Un article rédigé par Marion Bastit - RCF Anjou, le 11 mai 2022 - Modifié le 11 mai 2022
ReportagesSécheresse en Maine-et-Loire : des agriculteurs face aux restrictions d'eau

Depuis le 12 avril, le Maine-et-Loire est soumis à des restrictions d'eau, conséquences d'un hiver particulièrement sec. Dans certaines zones, les agriculteurs n'ont plus le droit d'arroser entre 10 h et 20 h. Ils doivent donc s'adapter. Reportage dans une ferme de Saint-Rémy-la-Varenne.

Dans sa ferme de Saint-Rémy-la-Varenne, Jérôme Tremblay arrose son maïs entre 20 h à 10 h, seul créneau permis par les restrictions d'eau. ©RCF AnjouDans sa ferme de Saint-Rémy-la-Varenne, Jérôme Tremblay arrose son maïs entre 20 h à 10 h, seul créneau permis par les restrictions d'eau. ©RCF Anjou

Cette année, le Maine-et-Loire fait face à une sécheresse précoce. C’est que l’hiver a été particulièrement sec, avec deux fois moins de pluie que la normale. Le niveau des cours d’eau et des nappes phréatiques étant déjà très bas pour un début de printemps, le préfet a pris son premier arrêté pour limiter l’usage de l’eau dès le 12 avril.

 

Depuis l’arrêté du 5 mai, presque tout le Maine-et-Loire est placé en alerte. Cela implique des restrictions pour les particuliers mais également, dans certaines zones, pour les agriculteurs. C’est le cas dans la ferme de Jérôme Tremblay, qui cultive 90 hectares à Saint-Rémy-la-Varenne. Il produit des semences de maïs, des céréales et des échalotes.

 

Obligé d'arroser pour faire lever le maïs

 

Mardi 10 mai, 9 h 50. Au milieu d’une parcelle de onze hectares de maïs fraîchement semé, l’enrouleur tourne à plein régime. « C’est une grosse bobine avec un tuyau dessus, et au bout il y a un canon à eau qui asperge 40 mètres de chaque côté », explique Jérôme Tremblay. Un écran lui permet de régler le débit. « En fonction de la quantité d’eau qu’on veut apporter, le tuyau s’enroule plus ou moins vite », précise-t-il.

 

D’habitude, il n’a pas besoin d’arroser son maïs pour le faire lever, mais cette année, c’est nécessaire. « Vu le peu de pluie qu’on a depuis le mois de février, les terrains sont très secs, donc on est obligés d’apporter environ 15 millimètres d’eau, explique-t-il. Pour qu’on ait une levée homogène du maïs, il faut que toutes les graines soient au contact de l’humidité. »

 

Y aura-t-il assez d'eau pour finir la saison ?

 

Mais depuis le 12 avril, Jérôme Tremblay n’a plus le droit d’arroser ses champs entre 10 h et 20 h. Il essaie donc de le faire le plus possible la nuit. « On est obligés de se lever la nuit pour déplacer les enrouleurs, raconte-t-il. Si l'enrouleur termine son arrosage au milieu de la nuit, il faut absolument le changer de place et le redémarrer pour perdre un minimum de temps. »

 

Son eau vient d’un étang alimenté par un forage, mais la ressource est limitée. Pour ses 90 hectares, Jérôme Tremblay a le droit de prélever 85 millions de litres d’eau par an, mais cette année, il n’est pas sûr que ça suffise. « Normalement, on ne commence à irriguer que fin juin début juillet, donc si on commence déjà en mai, ça va être très difficile de tenir jusqu’à fin juillet, augure-t-il. Si on n’a plus d’eau, on n’arrosera pas, et la récolte de maïs sera catastrophique. »

 

Pour lui, la solution serait de stocker l’eau l’hiver pour s’en servir l’été. « Quand vous voyez le débit de la Loire, tout part à la mer, pour moi c’est de l’eau de perdue ! » lance-t-il. Réclamé depuis des années par la FNSEA, le creusement de bassines est contesté par les écologistes, à cause de son impact sur l’environnement.

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